Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Espagne: la réforme critiquée de l'IVG passe un premier obstacle au Congrès

A bulletins secrets, les députés du Congrès ont rejeté mardi une proposition de retirer le projet de loi supprimant le droit à l'avortement en Espagne. La gauche remontée.

12 févr. 2014, 08:02
Des milliers de personnes ont manifesté contre le texte samedi dernier à Madrid.

Le projet de loi supprimant le droit à l'avortement en Espagne a passé un premier obstacle mardi au Congrès des députés. A bulletins secrets, ces derniers ont rejeté une proposition de retirer le texte. "Nous ne nous arrêterons pas tant que ce projet ne sera pas retiré", a assuré le leader de la gauche Alfredo Perez Rubalcaba.

Au total, 183 députés ont voté contre la motion du Parti socialiste (PSOE) qui réclamait "le retrait immédiat" du texte, et 151 députés ont voté pour. Six se sont abstenus. Le Parti populaire (PP, droite au pouvoir), qui dispose de la majorité absolue avec 185 sièges au Congrès, semble avoir quasiment fait le plein des voix.

Il est le seul avec le petit parti des démocrates chrétiens catalans de Unio à soutenir le projet de loi qui n'autorise l'avortement qu'en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol ayant fait l'objet d'une plainte préalable.

Le porte-parole du PP du chef du gouvernement Mariano Rajoy, Alfonso Alonso, s'était auparavant déclaré certain que la discipline de vote serait observée dans les rangs du parti. Pourtant, ce projet de loi qui a déclenché la colère de la gauche et des féministes en Europe dès son adoption en Conseil des ministres à la fin du mois de décembre, a aussi suscité de fortes réticences au sein de la droite.

L'une des premières voix dissonantes fut celle de la première vice-présidente du Congrès, Celia Villalobos, qui a demandé la liberté de vote sur ce texte. Plusieurs présidents de régions PP, comme de l'Extrémadure (ouest) José Antonio Monago ou de Galice, Alberto Nuñez Feijoo, un fidèle de M. Rajoy, ont demandé sa suspension.

La gauche remontée

"C'est une loi pour la souffrance de la femme et non pas pour ses droits", a lancé le sénateur d'ICV (petit parti de gauche catalan), Juan Saura, résumant le sentiment de l'opposition, à l'issue du vote. "Aucun droit n'est absolu", a répondu le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, attaqué par l'opposition lors d'une session de contrôle au Sénat, avant le vote au Congrès.

"La femme a droit à sa dignité, à sa santé, à sa santé psychologique, mais quand ce droit entre en conflit avec un bien juridiquement protégé qu'est le Naciturus (à naître), le législateur doit résoudre le conflit", a assuré le ministre.

Position des professionnels

Mardi, des associations de médecins de famille ont affirmé que l'avortement doit venir "de décisions libres des femmes, conséquences de situations personnelles de grande souffrance, qui ne peuvent être limitées à des cas comme les malformations congénitales graves ou dangereuses pour la santé physique ou psychique" de la femme.

Le projet supprime la loi de 2010, votée sous l'ancien gouvernement socialiste, qui autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes sans justification et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus ou de grave danger physique ou psychique pour la mère.

Il exclut les cas de malformations du foetus comme motif valable pour avorter, alors que ceux-ci étaient inclus dans la première loi adoptée sous la démocratie espagnole en 1985.

Des milliers de personnes ont manifesté à Madrid le 1er février dernier, puis à nouveau samedi dernier, contre le texte, rejeté, selon les sondages, par une grande majorité des Espagnols.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias