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Etats-Unis: prison à vie pour le tortionnaire de Cleveland

Ariel Castro, le tortionnaire de Cleveland, a été condamné jeudi à la prison à perpétuité pour avoir durant dix ans séquestré et violé trois femmes.

02 août 2013, 07:00
Pour échapper à la peine de mort, Ariel Castro a plaidé coupable de 937 chefs d'inculpation.

Ariel Castro a été condamné à la prison à vie jeudi, au terme d'une audience marquée par la confusion de son plaidoyer et le témoignage poignant d'une victime. Le tortionnaire de Cleveland (Ohio) avait séquestré et violé trois femmes pendant dix ans.

Ariel Castro ne sortira jamais de prison, a tranché le juge Michael Russo, en infligeant la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération anticipée. Pour le magistrat, Castro souffre de "narcissisme extrême" et ses crimes sont tels qu'il ne doit jamais être remis en liberté, d'où le verdict de prison à vie plus mille années de détention.

"Monsieur, il n'y a pas de place ni dans cette ville, ni dans ce pays, ni en fait dans ce monde, pour ceux qui réduisent les autres à l'esclavage, pour ceux qui agressent sexuellement et qui brutalisent", a fustigé le juge.

Pour échapper à la peine de mort, cet ancien chauffeur de bus scolaire a plaidé coupable de 937 chefs d'enlèvements, viols et meurtre aggravé. Il avait mis fin à la grossesse d'une de ses victimes en la rouant de coups.

"Je ne suis pas un monstre, je suis une personne normale, je suis juste malade", avait auparavant plaidé le quinquagénaire d'origine portoricaine, vêtu de la tenue orange des prisonniers, poignets et chevilles entravés.

Il y avait "une harmonie"

Pendant sa déposition devant le juge, Ariel Castro, le visage rond couvert d'une barbe brune et barré de lunettes rectangulaires, s'est retourné de temps à autre vers Michelle Knight, 32 ans, l'une de ses trois victimes, assise dans la salle d'audience.

"Je sais que j'ai tort à 100%", mais "je pense que je suis dépendant de la pornographie au point que cela me rend impulsif et je ne réalise pas que ce que je fais est mal", "je suis dépendant, comme d'autres sont dépendants de l'alcool", a-t-il dit avant de demander pardon à ses victimes.

"Je suis vraiment désolé", a-t-il dit. "Vous savez toutes ce qui s'est passé dans cette maison", a-t-il ajouté, et, se tournant vers le juge: "Je veux vous dire qu'il y avait une harmonie dans cette maison".

"Je n'ai jamais battu ces femmes, je ne les ai jamais torturées", a-t-il assuré fermement, poursuivant ses déclarations décousues. "Toutes les relations sexuelles étaient consenties, les filles n'étaient pas des vierges, elles avaient eu de nombreux partenaires avant moi", a-t-il avancé en soulignant: "Si vous le demandez à ma fille, elle vous dira que je suis le meilleur papa du monde".

"Onze ans d'enfer"

Ses déclarations suivaient le témoignage poignant de Michelle Knight, seule victime présente dans la salle, qui a raconté en pleurs devant la cour "l'enfer" qu'elle a vécu dans la maison de Cleveland, après son enlèvement par Ariel Castro.

"Mes jours se transformaient en nuits, mes nuits en jours, les années devenaient une éternité. Je savais que personne ne se souciait de moi. Il me disait que ma famille n'en avait rien à faire."

"J'ai vécu 11 ans d'enfer, maintenant votre enfer ne fait que commencer", a-t-elle promis à son bourreau, en essuyant ses larmes.

"Je surmonterai ce qui s'est passé. Vous vivrez en enfer pour l'éternité", a-t-elle dit, lisant un texte préparé à l'avance. "Je peux vous pardonner, mais je ne pourrai jamais oublier", a-t-elle ajouté, en face d'un Ariel Castro apparemment imperturbable, se balançant de temps à autre sur sa chaise.

Maison "très sombre"

Les policiers ont décrit au tribunal l'horreur qu'ils ont découverte dans la maison d'Ariel Castro. L'officier de police Barb Johnson a en particulier raconté comment elle avait découvert les trois jeunes femmes en captivité: "Je me souviens, c'était très sombre", a-t-elle rapporté, parlant de la difficulté qu'elle avait eu à monter les escaliers, gênée par des meubles et de "lourds rideaux".

Puis Michelle Knight s'est "littéralement jetée dans les bras" d'un second policier et répétait sans cesse: "Vous nous avez sauvées, vous nous avez sauvées".

Fillette née en captivité

Michelle Knight, 32 ans, Amanda Berry, 27 ans, et Gina DeJesus, 23 ans, avaient été enlevées dans la rue à des moments différents, alors qu'elles n'avaient respectivement que 20, 16 et 14 ans.

Durant leur séquestration, elles ont été battues et violées à de très nombreuses reprises. Amanda Berry a également eu une petite fille, Jocelyn, née en captivité et âgée de six ans au moment de leur libération. Des analyses ADN ont confirmé que Castro était bien son père.

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