Miracle, il parle! Pour la première fois en une décennie, le juge Clarence Thomas, l'un des piliers de la Cour suprême des Etats-Unis, a rompu son silence légendaire lors d'une audience consacrée lundi aux armes individuelles.
"Pouvez-vous me citer un domaine où une infraction mineure suspend un droit constitutionnel?", a subitement demandé M. Thomas à l'avocat du gouvernement fédéral. Celui-ci défendait une restriction d'accès aux armes pour certains condamnés pour violences domestiques.
Les têtes de l'assemblée se sont alors penchées, incrédules, tant le juge Thomas est connu pour être le seul des magistrats de la Haute Cour à ne jamais ouvrir la bouche lors des débats.
Selon des journalistes couvrant l'audience, Clarence Thomas a ensuite posé plusieurs autres questions, comme s'il avait subitement retrouvé sa langue. La dernière fois qu'il avait ainsi posé une question remontait au 22 février 2006.
Très conservateur
Au fil des années, Clarence Thomas a avancé différentes raisons pour expliquer son silence. Il affirmait notamment que "l'essentiel du travail" était fait par écrit dans les argumentaires présentés par les avocats.
Clarence Thomas, seul Noir de la Cour suprême, est réputé pour ses positions très conservatrices. Comme l'était Antonin Scalia, décédé récemment, il est partisan de l'école de jurisprudence américaine originaliste qui soutient que la Constitution doit être interprétée conformément à son sens originel.
Nommé par le président George Bush père en 1991, M. Thomas est également un grand défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine, selon lequel les Américains ont le droit de détenir et porter une arme.