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Firme suisse touchée par une sanction de Trump contre un gazoduc russe, l’UE s’«oppose» à l’«ingérence» américaine

Allseas, une entreprise suisse basée à Châtel-Saint-Denis, dans le canton de Fribourg, est touchée par l’ingérence du président américain dans la construction du gazoduc russe Nord Stream 2. L’UE a déclaré qu’elle s’opposait à la décision américaine.

21 déc. 2019, 08:47
/ Màj. le 21 déc. 2019 à 10:29
L'Union européenne dénonce l'ingérence des Etats-Unis dans sa politique énergétique.

Le président américain Donald Trump a promulgué vendredi la loi imposant des sanctions contre les entreprises associées à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2. Parmi elles figure la firme suisse Allseas qui a suspendu ses travaux après cette annonce. L’Union européenne a réagi. «Par principe, l’Union européenne s’oppose à l’imposition de sanctions contre des entreprises européennes se livrant à des activités légales», a affirmé un porte-parole de l’UE.

Pareille dénonciation du côté de Moscou. "Un Etat avec une dette publique de 22'000 milliards de dollars interdit à des pays solvables de développer leur économie réelle", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, sur sa page Facebook, dénonçant "l'idéologie américaine (qui) ne supporte pas la concurrence mondiale". L'Allemagne s'était, elle, aussi insurgée contre cette décision.

 

 

Le gouvernement allemand a, elle aussi, dénoncé ces sanctions. "Le gouvernement rejette ces sanctions extraterritoriales. Elles affectent des sociétés allemandes et européennes et constituent une ingérence dans nos affaires intérieures", a réagi Ulrike Demmer, une porte-parole d'Angela Merkel dans un communiqué.

Pour Washington et ses alliés ukrainiens cet ouvrage va accroître la dépendance des Européens au gaz russe et ainsi renforcer l’influence de Moscou. L’Union européenne de son côté dénonce avec force l’ingérence des Etats-Unis dans sa politique énergétique.

Le projet Nord Stream 2 consiste en deux lignes de gazoduc longeant le premier existant, Nord Stream, et reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique, après un trajet sous l’eau de 1 230 km.

Carte du tracé du North Stream. Wikipedia/Own work

 

La mesure vise à bloquer la fin des travaux sur ce gazoduc, déjà construit à 80% et qui devait théoriquement entrer en service à la fin de cette année. Il doit permettre de doubler les livraisons de gaz naturel russe vers l’Allemagne, grande bénéficiaire du projet. Le texte, voté au Sénat à une très large majorité (86 pour, 8 contre) mardi avait été adopté la semaine dernière par la Chambre des représentants.

Lors d’un échange vendredi avec son homologue allemand Heiko Maas, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a réitéré la «forte opposition» à la poursuite de la construction de Nord Stream 2. Moscou de son côté a clairement indiqué qu’il mènerait à bien ce projet en dépit des sanctions annoncées.

Navire de pose de pipelines

Les sanctions comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc. Le département d’État américain doit désormais communiquer dans les 60 jours les noms des entreprises et des personnes concernées.

L’une des principales cibles est Allseas, une entreprise suisse basée à Châtel-Saint-Denis (FR) propriétaire du plus grand navire de pose de pipelines du monde, le Pioneering Spirit, engagé par le russe Gazprom pour construire la section offshore.

Le Pioneering Spirit. Keystone archives

 

Dans la foulée de l’annonce américaine, dans la nuit vendredi à samedi, la firme responsable de la pose des tuyaux a indiqué qu’elle suspendait ses travaux. Allseas devait encore poser l’une des dernières sections du gazoduc, en grande partie achevé, dans les eaux danoises.

Le gazoduc représente un investissement d’une dizaine de milliards d’euros, financé pour moitié par Gazprom et pour l’autre moitié par cinq sociétés européennes (OMV, Wintershall Dea, Engie, Uniper et Shell). Depuis ses débuts, de nombreux obstacles se sont dressés sur le chemin de ce projet. Nord Stream 2 n’a ainsi obtenu que fin octobre le feu vert du Danemark pour traverser ses eaux, ce qui risque fort de retarder sa mise en service, initialement prévue fin 2019.

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