Après onze années de brouille, les deux dirigeants unissent leurs forces dans un paysage politique en reconstruction où les traditionnels partis de gouvernement, le Parti socialiste et l'UMP, subissent le désaveu des Français.
"Les Français, désabusés par les alternances, n'aperçoivent plus de solution politique au point qu'ils sont tentés par un extrémisme qui conduirait au chaos", peut-on lire dans la charte qui régira l'alliance.
"Nous ne pouvions pas rester les bras ballants constatant cette désespérance", a déclaré Jean-Louis Borloo lors d'une conférence de presse commune avec François Bayrou, un long oral parfois laborieux dans la démonstration d'unité.
Une initiative de Borloo
Un "programme de reconstruction nationale" sera élaboré sous leur autorité, "l'organe de coordination politique" du parti étant composé des équipes dirigeantes des deux partis.
C'est Jean-Louis Borloo, fondateur de l'UDI en septembre 2012 et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui avait pris l'initiative de tendre la main en août à son ancien compagnon de route, lequel a pris ses distances avec François Hollande en septembre en entrant dans "l'opposition constructive".
"Nos valeurs n'ont jamais cessé d'être les mêmes, nos convictions aussi, même si nous avons été séparés par la bipolarisation de la vie électorale, que nous jugeons excessive", écrivent les signataires dans la charte.
"Aujourd'hui, soulignent-ils, la gravité de la situation nous oblige au rassemblement". Ils promettent "une vision nouvelle", "un renouvellement intellectuel qui dépasse les idéologies usées et les controverses systématiques".
Séduire les déçus de François Hollande
La coalition comptera plus de 70 parlementaires et 11 eurodéputés, quelque 4500 élus locaux et revendique près de 100'000 adhérents.
Jean-Louis Borloo et François Bayrou, dont le positionnement diffère (une stratégie de centre-droit pour l'un, un centre indépendant pour l'autre), comptent séduire les déçus de François Hollande et les électeurs de l'UMP qui ont désapprouvé l'inflexion à droite de Nicolas Sarkozy en 2012.
Les partisans de l'ancien président assistent avec déplaisir à l'émergence d'un pôle concurrent pour la présidentielle de 2017, jusqu'à mettre en garde contre l'éviction de la droite républicaine au second tour.
"L'Alternative" se présente comme le partenaire de la droite républicaine "en ce quelle respecte les valeurs humanistes", a déclaré le député UDI Yves Jego. Une critique en creux de la "droite décomplexée" défendue par le président de l'UMP Jean-François Copé.