Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: le FN a 40 ans et se restructure

Le Front national a 40 ans et poursuit son opération de conquête du pouvoir avec dans son viseur, les élections de 2014.

05 oct. 2012, 06:49
epa03202562 French far-right National Front (FN) political party leader Marine Le Pen (L) speaks with her father Jean-Marie Le Pen (R), as they hold their annual May Day Nation Front rally in Paris, France 01 May 2012. Marine Le Pen stated that she does not intend to endorse Nicolas Sarkozy or Francois Hollande in the second round of the French Presidential election to be held on 06 May.  EPA/IAN LANGSDON

Le Front national, créé le 5 octobre 1972 pour fédérer une constellation de groupuscules d'extrême droite et qui fête aujourd'hui ses quarante ans, entame une période de restructuration avec dans son viseur, les élections de 2014.

"L'enjeu pour le FN aujourd'hui, c'est de professionnaliser son personnel militant, de se donner une culture de gouvernement", analyse Sylvain Crepon, sociologue à l'université de Paris Nanterre et spécialiste du FN.

L'année électorale 2012 a été prospère pour le FN, avec les 17,9% de voix récoltées par Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle et le retour de son parti à l'Assemblée nationale. La député européenne entend bien poursuivre sa progression.

"Le FN cherche à se créer des ancrages locaux, c'est ce qui lui fait défaut", poursuit le sociologue. En ligne de mire, les élections municipales et régionales de 2014. A terme, selon lui, l'autre objectif du FN, "c'est d'affaiblir l'UMP pour les obliger à négocier avec eux".

Le Front national a été créé en 1972 par des membres d'Ordre Nouveau, un groupuscule d'extrême droite géré par des nationalistes révolutionnaires. Les débuts sont timides. En 1974, lors de sa première présidentielle sous les couleurs du FN, Jean-Marie Le Pen ne recueille que 0,75% des voix. Il n'arrivera même pas à réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la course à l'Elysée en 1981. Le FN va rester un parti groupusculaire jusqu'au milieu des années 1980, période à partir de laquelle son leader va en faire le parti central de la mouvance d'extrême droite en France.

Ancien parachutiste qui a participé à la guerre d'Indochine, puis à l'Algérie, Jean-Marie Le Pen est la figure médiatique autour de laquelle le FN va prendre son ampleur. Aux législatives de 1986, le Front national profite d'un scrutin à la proportionnelle pour faire entrer 35 députés au Palais Bourbon. Le scrutin majoritaire est rétabli peu de temps après, les empêchera de se faire réélire en 1988.

Les années 90 sont surtout marquées par un changement de discours de Le Pen, qui abandonne son discours pro-libéral et revêt la casquette "ni droite ni gauche". A cette époque, l'électorat frontiste, auparavant majoritairement "bourgeois-conservateur", devient davantage populaire. "C'est à cette époque que le FN devient le premier parti chez les ouvriers et chez les chômeurs", note Sylvain Crepon.

En 1998, le parti est marqué par une scission, que M. Le Pen qualifiera ironiquement de "pu-putsch". Accompagné de nombreux cadres du FN, Bruno Mégret quitte le FN et fonde le Mouvement national et Républicain (MNR), lequel conduira sa propre liste aux européennes de 1999. Avant de s'étioler dans le paysage politique.

Les années 2000 marquent un tournant dans l'histoire de la formation d'extrême droite. Tout d'abord du fait de l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 - il devance Lionel Jospin de 400.000 voix - mais aussi car le rejet massif du "menhir" au second tour va engendrer une prise de conscience au FN qu'il va être nécessaire de transformer le parti.

C'est à partir de cette époque que Marine Le Pen, entourée d'une poignée de frontistes de sa génération, dont Louis Aliot, actuel vice-président du FN, entreprend de dédiaboliser le parti. "L'objectif, c'était de montrer le FN comme un parti crédible et apte à gouverner, notamment en se détachant des compromissions de l'extrême droite", explique Sylvain Crepon.

Cette entreprise ne se met réellement en marche qu'une fois Marine Le Pen élue présidente du FN, le 16 janvier 2012 lors du congrès de Tours. Son arrivée à la tête de la PME familiale "permet de rallier au FN ceux que la figure de Jean-Marie Le Pen repoussait", relève le sociologue.

Il tient cependant à nuancer le processus de dédiabolisation entamé par la nouvelle leader frontiste. "Il n'y a pas autant de changement que ce qu'on dit dans le programme de Marine Le Pen. La question du nationalisme est toujours là et la sauce identitaire est la pierre angulaire du programme frontiste".

Votre publicité ici avec IMPACT_medias