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France: le gouvernement s'attaque aux retraites

Le gouvernement socialiste français a annoncé mercredi le rétablissement de la retraite à 60 ans pour certains salariés.

06 juin 2012, 15:25
Demonstrators march with red flags during a rally to protest France's decision to raise the retirement age and retirement pensions low level, in Paris, Thursday, Oct. 6, 2011. Sign reads: "We Want to Live our Retirement in Dignity".(AP Photo/Michel Spingler)

Le gouvernement socialiste français donne un coup de canif dans l'emblématique réforme des retraites de l'ex-président conservateur Nicolas Sarkozy. Il a annoncé le rétablissement de la retraite à 60 ans pour certains salariés. Un signal à destination de l'électorat populaire, à quatre jours des législatives.

La ministre des Affaires sociales Mariosol Touraine a présenté mercredi en Conseil des ministres les contours d'un décret qui va permettre un départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ou 19 ans et ayant la totalité de leur durée de cotisation (41 ou 41,5 selon l'année de naissance).

Cette décision concernera 110'000 personnes par an, salariés du public comme du privé, dès 2013 - soit environ 12% d'une cohorte de retraités - pour un coût estimé à 1,1 milliard cette année-là et jusqu'à 3 milliards en 2017, à la fin du mandat de François Hollande, a précisé Mme Touraine.

Celle-ci a assuré que la mesure était "entièrement financée" par l'augmentation prévue des cotisations vieillesse. "Elle ne pèsera donc pas sur la situation financière des régimes de retraite et ne remet pas en cause le respect des engagements de la France en matière de redressement des finances publiques", promet le gouvernement.

"Corriger une injustice"

"C'était une mesure nécessaire, indispensable, pour corriger une injustice créée par la réforme des retraites de 2010", qui avait porté à 62 ans l'âge minimum de départ à la retraite, a estimé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

Mme Touraine a fait valoir que ce dispositif allait permettre à "des femmes qui ont travaillé et ont eu des enfants de ne pas être pénalisées dans le calcul de leur retraite". Ce dispositif est notamment favorable aux mères de famille et aux chômeurs âgés, qui verront inclure dans le calcul de leur retraite deux trimestres supplémentaires considérés comme "cotisés".

Les mères de famille bénéficiaient jusqu'ici, dans le cadre du dispositif, au maximum de quatre trimestres additionnels. Ce bonus va permettre à davantage de femmes de pouvoir bénéficier du dispositif car elles ne représentent actuellement qu'un quart des bénéficiaires.

Quant aux chômeurs de longue durée proches des 60 ans, ils pourront partir en retraite sans être pénalisés par l'arrêt de versement d'une indemnisation chômage à un âge auquel ils ont très peu de chance de retrouver un emploi.

Déficits publics

Le décret qui doit encore être examiné notamment par le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative, doit entrer en vigueur au 1er novembre.

Cette mesure sur les retraites est la plus onéreuse prise jusqu'ici par le nouvel exécutif du président François Hollande, un mois après son entrée en fonctions. Et alors que la France est dans le collimateur de Bruxelles en raison de l'ampleur de ses déficits publics.

"A terme, en 2017, la mesure coûtera moins cher que ce qui était prévu tout en concernant autant de personnes", a affirmé Mme Touraine. L'équipe de campagne de M. Hollande avait initialement tablé sur 5 milliards d'euros en fin de quinquennat.

Du coup les hausses des cotisations salariale et patronale qui étaient envisagées (+0,1% par an pour les uns et les autres) n'atteindront pas 0,5% en 2017 mais seulement 0,25% pour les salariés comme pour les entreprises.

Critiques à droite

A quatre jours des élections législatives, enjeu majeur pour le parti socialiste qui espère avoir une majorité d'élus pour pouvoir appliquer le programme de gouvernement de François Hollande, la droite a multiplié les critiques, fustigeant à cette réforme tant sur la forme que sur le fond.

L'UMP (droite) a reproché au gouvernement de gouverner par décret, en court-circuitant l'Assemblée nationale. Elle l'a aussi accusé de vouloir encore aggraver l'état des comptes publics et de porter atteinte à la compétitivité de la France.

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