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France: le maréchal Pétain, figure de la collaboration avec les nazis, était-il atteint d'Alzheimer dès 1940?

A la tête du régime de Vichy, figure de la collaboration française avec les nazis, le maréchal Pétain souffrait-il de la maladie d'Alzheimer en 1940 déjà? C'est la thèse d'un gériatre français qui ne fait pas l'unanimité chez les historiens.

23 mars 2019, 09:02
Certains témoins racontent qu'en fin de journée, le maréchal Pétain aurait pu signer n'importe quel document sans en être pleinement conscient.

Le maréchal français Pétain, qui est mort sénile, était atteint d'Alzheimer dès 1940, affirme la thèse d'un gériatre français. Le professeur se défend toutefois de vouloir minorer sa responsabilité dans la collaboration du régime de Vichy avec l'Allemagne nazie.

Le vieux maréchal souffrait "d'une maladie d'Alzheimer au stade de syndrome neurocognitif mineur déjà bien évolué en juin 1940 et au stade de syndrome neurocognitif majeur dès 1942", estime le professeur Jean-Marie Sérot, qui vient de développer cette thèse dans la Revue de gériatrie, publication de la société française de gériatrie.

 

 

Pétain a pris la tête du régime collaborationniste de Vichy, ainsi baptisé en raison de son implantation dans cette ville du centre-sud de la France, en juillet 1940, à 84 ans, après avoir bénéficié du vote des pleins pouvoirs par les parlementaires. Après la libération, il a été jugé coupable d'"indignité nationale" au terme de son procès à l'été 1945.

Troubles de la mémoire et apathie

Si à la fin de sa vie la sénilité de l'icône de la bataille de Verdun est un fait admis, le professeur Sérot la croit bien antérieure. "Pétain est mort [en 1951 à 95 ans, ndlr] avec un tableau d'Alzheimer typique. Or, on sait que la maladie s'installe longtemps à l'avance et évolue pendant de très longues années", a-t-il expliqué.

Pour parvenir à cette conclusion, ce gériatre retraité a compulsé de nombreux livres d'historiens. "J'ai rassemblé des anecdotes suspectes et je suis à peu près sûr de ce que je dis", assure-t-il, même si un diagnostic ne peut être établi avec certitude sans examen clinique ni autopsie.

Ces anecdotes mêlent troubles de la mémoire, problèmes d'attention, erreurs de jugement, apathie, qui s'aggravent entre 1940 et 1945. Le Pr Sérot cite par exemple Albert Chichery, ministre de l'agriculture jusqu'à juillet 1940, qui écrit: "Le maréchal est bien 3-4 heures par jour (...) mais quand il est fatigué, surtout le soir, on peut lui faire signer ce que l'on veut sans qu'il ne s'en rende compte".

 

 

«Un vieillard un peu ralenti»

L'historien Laurent Joly juge l'hypothèse plausible. "Cela conforterait plutôt le portrait que j'esquisse de Pétain dans mon dernier livre", a-t-il indiqué ("L'Etat contre les juifs: Vichy, les nazis et la persécution antisémite").

L'historien américain Robert Paxton, lui, n'est pas convaincu par la chronologie du Pr Sérot. En lisant des archives américaines de 1941-1942 et allemandes de 1943, "on constate que Pétain était clairement un vieillard un peu ralenti, mais il n'était pas vraiment sénile", selon M. Paxton.

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