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France: le suspect de l’attentat de la rue des Rosiers a été extradé en France et écroué

Walid Abdulrahman Abou Zayed, suspecté d’être l’un des membres de l’attentat de la rue des Rosiers en 1982, a été rattrapé par la justice. Sous le coup d’un mandat d’arrêt, il a été extradé de la Norvège vers la France où un procès l’attend.

05 déc. 2020, 18:59
L'attentat de la rue des Rosiers, le 9 août 1982 à Paris, avait fait 6 morts et 22 blessés.

«Peu importe le temps qui passe, le nombre d’années, il est important de rendre justice aux victimes»: la mise en examen et l’incarcération samedi de l’un des suspects de l’attentat de la rue des Rosiers en 1982, Walid Abdulrahman Abou Zayed, extradé par la Norvège, donne l’espoir d’un procès dans l’un des plus vieux dossiers du terrorisme en France.

«J’ai pu mesurer à quel point mes clients étaient soulagés» d’apprendre qu’Abou Zayed était extradé en France, relate Me Pauline Manesse. Celle-ci défend une famille de victimes de l’attentat qui fit 6 morts et 22 blessés le 9 août 1982, au cœur du quartier juif historique de Paris.

Peu importe le temps qui passe, le nombre d’années, il est important de rendre justice aux victimes.

Un commando de trois à cinq hommes, selon les témoins, avait lancé une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg, puis mitraillé l’intérieur de l’établissement et des passants.

 

 

Abou Zayed, 62 ans, soupçonné par la justice française d’être «l’un des tireurs de l’attentat», a été extradé vendredi par la Norvège, où il s’était installé en 1991.

Inculpé pour «assassinats»

Il a été mis en examen (inculpé) pour «assassinats» et «tentatives d’assassinats» samedi par un juge d’instruction antiterroriste parisien, puis écroué.

La circonstance aggravante «en relation avec une entreprise terroriste» date de 1986, soit quatre ans après les faits, et ne peut donc pas figurer parmi les chefs de mise en examen, a précisé une source judiciaire.

L’attentat avait rapidement été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

 

 

Accord judiciaire

La France avait émis en 2015 un mandat d’arrêt international contre Abou Zayed, un Palestinien né en 1958 en Cisjordanie et naturalisé norvégien en 1997. Oslo n’avait pas donné suite à une précédente demande de Paris en 2015 car elle n’extradait alors pas ses ressortissants.

Mais l’entrée en vigueur l’an dernier d’un accord judiciaire avec l’UE et l’Islande a permis à la Norvège d’autoriser son extradition le 27 novembre.

Le suspect, qui clame son innocence, devrait être auditionné dans les prochains mois par trois juges d’instruction antiterroristes et demander des actes d’investigation.

Pas de procès avant 2 ans

Si les magistrats décident de le renvoyer devant les assises, «on ne pourra pas avoir un procès avant deux ans», soit quarante ans après l’attentat, estime Me Manesse.

La famille qu’elle défend était dans une voiture qui a été criblée de balles devant le restaurant. La grand-mère avait été grièvement blessée. A l’arrière, il y avait un bébé d’un mois. «Cet enfant a grandi avec ce traumatisme qui a fortement imprégné la mémoire familiale. Un procès représente l’attente d’une vie», souligne Me Manesse.

Cet enfant a grandi avec ce traumatisme qui a fortement imprégné la mémoire familiale. Un procès représente l’attente d’une vie.

Même quarante ans après, «un procès est important pour les victimes et sur le plan sociétal pour montrer qu’il n’y a pas d’impunité pour les terroristes», souligne Guillaume Denoix de Saint-Marc pour l’Association française des victimes du terrorisme.

Refus jordanien

La justice française a émis trois autres mandats d’arrêt internationaux visant deux suspects localisés en Jordanie et un troisième en Cisjordanie.

La Jordanie a refusé à plusieurs reprises d’extrader les deux individus présents sur son territoire, dont le cerveau présumé de l’attentat.

 

 

L’affaire est d’autant plus sensible qu’un accord secret aurait été passé à l’époque entre les renseignements français, qui se seraient engagés à libérer des prisonniers, et le groupe Abou Nidal qui, en contrepartie, ne devait pas commettre d’action en France.

«On ne se fait pas d’illusion, il n’y aura pas d’autres suspects dans le box», regrette Me Avi Bitton, avocat de plusieurs victimes. Me Manesse pense au contraire qu’en acceptant d’extrader Abou Zayed, «la Norvège a envoyé un message très important qui peut amener d’autres Etats à répondre de manière positive» aux demandes de la justice française.

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