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France: marge de manoeuvre limitée pour François Hollande

En chute libre dans les sondages, François Hollande et son gouvernement ne semblent pouvoir compter que sur un retournement de la conjoncture pour inverser la tendance.

19 nov. 2013, 07:45
François Hollande est devenu en 18 mois le président le plus impopulaire de la Ve République.

François Hollande et son gouvernement s'accrochent à l'espoir d'un retournement de la conjoncture et de la courbe du chômage. Ils ne semblent guère avoir d'autre stratégie que celle du dos rond à opposer à l'exaspération croissante des Français.

François Hollande est devenu en 18 mois le président le plus impopulaire de la Ve République (seulement 20% d'avis favorables dans le baromètre Ifop-Journal du Dimanche). Il entraîne dans sa chute le Premier ministre et une majorité indisciplinée.

La contestation de l'action gouvernementale est devenue un élément fédérateur de tous les mécontentements, sur fond de ras-le-bol fiscal et de plans sociaux. Elle va des "bonnets rouges" bretons aux contempteurs de la réforme des rythmes scolaires en passant par toute la gamme des opposants à la future hausse de la TVA, dont la grogne risque de monter crescendo après le 1er janvier.

Dynamique de tension

"Ne rien faire, considérer que ce n'est qu'un orage est extrêmement risqué", estime Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut de sondage Ipsos. "Il y a une dynamique de tension. Parier sur un essoufflement est illusoire."

"Il faut remettre le pays sur les rails. On va y arriver", confiait la semaine passée le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à des journalistes. "Il faut tenir bon et ne pas remettre en cause notre stratégie maintenant, alors que les premiers signes d'amélioration sont là."

Ces signes, s'ils existent, ne sont pas perçus par la population. Et ils tardent pour le moins à se concrétiser en termes d'activité économique, d'emploi et de pouvoir d'achat.

Peu de leviers

Le chef de l'Etat a cependant peu de leviers à sa disposition, estiment les analystes interrogés par Reuters.

La Constitution lui en offre trois - dissoudre l'Assemblée nationale, organiser un référendum ou remanier le gouvernement - mais un seul, le dernier, est véritablement envisageable.

Il n'y a guère aujourd'hui que le Front national et sa présidente, Marine Le Pen, pour demander à François Hollande de dissoudre l'Assemblée et de "revenir au peuple".

Pas plus la gauche affaiblie que l'opposition de droite en déconfiture n'ont intérêt à un exercice qui est une arme à double tranchant, comme l'a montré la dissolution de 1997, payée par Jacques Chirac de cinq ans de cohabitation.

Le recours au référendum est tout aussi exclu. Sans parler de la difficulté de trouver un bon sujet de consultation, le chef de l'Etat offrirait un défouloir à tous les mécontents.

Arme faible

Reste donc le remaniement ministériel, une "arme faible" et au maniement délicat, avertit cependant Didier Maus.

"Changer quelques ministres n'a pas d'intérêt - la moitié sont totalement inconnus. Remplacer le Premier ministre est le coup politique le plus symbolique mais il faut le faire à un moment où ça se justifie", explique-t-il.

Sauf dégradation brutale de la situation, il est donc peu probable que François Hollande remplace Jean-Marc Ayrault avant les élections municipales et européennes du printemps prochain. Et le remplacer par qui et pour faire quelle politique?

Martine Aubry

La nomination de la maire PS de Lille, Martine Aubry, son ancienne rivale, serait un aveu de faiblesse. Celle du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, favori des sondages, passerait mal dans une grande partie de la gauche.

La solution la plus probable à court terme, estime Didier Maus, est de "donner du temps au temps" en misant sur une embellie sur le front de la croissance et de l'emploi.

"Pour 2014 et 2015, les indicateurs vont dans le sens du retour de la croissance", assure Jean-Marc Ayrault, en dépit des mauvais chiffres du troisième trimestre 2013. "Il faut faire bloc et tenir", renchérit le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen, proche du chef de l'Etat, pour qui la période d'ici Noël est la plus délicate à négocier.

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