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France: masques tribaux amérindiens aux enchères

Une vente aux enchères de masques tribaux, considérés comme sacrés par les Amérindiens, a été autorisée vendredi par la justice française à Paris.

12 avr. 2013, 14:17

La justice française a rejeté vendredi la demande des Hopis de suspendre la vente aux enchères de 70 masques que ces Amérindiens considèrent comme sacrés, a annoncé leur avocat, Me Pierre Servan-Schreiber. Cette vente aux enchères doit se tenir en début d'après-midi, à l'Hôtel Drouot à Paris.

"Nous faisons un recours devant le Conseil des ventes, l'autorité qui supervise la vente aux enchères. Elle peut théoriquement prendre la décision administrative de la suspendre", a ajouté Me Servan-Schreiber, sans trop y croire.

L'association Survival International, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la défense des droits des peuples indigènes, s'est également engagée pour cette cause. Ses avocats demandaient l'interdiction temporaire de la vente

Deux musées de l'Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis, et la tribu amérindienne Hopi qui vit dans cet Etat, réclament l'annulation de cette vente de masques "Katsinam". Ils sont considérés comme sacrés car ils représentent les esprits des ancêtres des Hopis.

Objets de cultes

Mais, dans son jugement, la juge Magali Bouvier a estimé que si ces masques ont pour les Hopis "une valeur sacrée, une nature religieuse ou s'ils incarnent l'esprit des ancêtres de ces personnes, il est manifeste qu'ils ne peuvent pas être assimilés à des corps humains existants ou ayant existé...". Elle ajoute que "le seul fait que ces objets puissent être qualifiés d'objets de culte ne saurait leur conférer un caractère de biens incessibles".

"C'est une vision beaucoup trop restrictive et mal fondée du droit", a protesté Me Servan-Schreiber même s'il s'est félicité que cette affaire ait au moins eu le mérite de montrer une "très forte mobilisation" en faveur des Hopis. Il estime que "c'est le début d'une réelle prise de conscience de l'opinion publique qui comprend que tout ne peut pas être acheté ou vendu, surtout pas quelque chose de si intime et sacré".

Les Hopis, dont la communauté compte environ 18'000 membres vivant sur une réserve isolée de l'ouest américain, ont par ailleurs reçu le soutien de l'acteur et réalisateur américain Robert Redford. Dans une lettre communiquée par l'avocat de la tribu, il juge la vente "sacrilège" et demande la restitution des masques à la tribu, sous peine de commettre un "geste criminel".

L'ambassadeur des Etats-Unis à Paris se dit lui "très préoccupé" par le sujet et a même demandé jeudi soir à la maison d'enchères de "différer la vente", dans un communiqué.

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