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France: pour livrer le Mistral à la Russie, il faut un cessez-le-feu appliqué

Après avoir suspendu mercredi la livraison du premier navire de guerre à la Russie, l'Elysée précise jeudi les conditions qui doivent être réunies pour pouvoir livrer les deux Mistral. Moscou lève un sourcil.

04 sept. 2014, 14:24
Le premier des deux navires porte-hélicoptères promis à Moscou devait être livré en octobre.

Les conditions pour une livraison par la France à la Russie du navire de guerre Mistral sont un cessez-le-feu appliqué et un accord mettant fin au conflit entre Ukrainiens et Russes, a indiqué jeudi le ministère français des Affaires étrangères. L'Elysée avait annoncé la veille la suspension de la livraison du premier des deux navires à Moscou.

Interrogé lors d'un point-presse pour savoir quelles étaient ces conditions, le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, a répondu: "il faut que le cessez-le-feu - qui peut-être s'esquisse - s'applique". Et puis, a-t-il ajouté, citant le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, il faut "que l'on trouve un accord politique pour qu'il n'y ait pas d'affrontements entre l'Ukraine et la Russie, soit directement, soit par personnes interposées".

"Ces conditions ne sont pas réunies à l'heure actuelle, et nous souhaitons qu'elles puissent l'être à l'avenir", a précisé le porte-parole.

Moscou titille Paris

La Russie, elle, est convaincue que la France honorera son contrat, a déclaré jeudi le ministre russe de l'Industrie, Denis Mantourov, cité par l'agence de presse Interfax. "La Russie suppose que le contrat sera rempli conformément aux accords", a-t-il déclaré.

"Où est passée l'époque où la France ne cédait pas à la pression des Etats-Unis, sur l'Irak par exemple?", a renchéri la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur sa page Facebook. "La réputation de la France en tant que partenaire fiable qui respecte ses obligations contractuelles a été sacrifiée sur l'autel des ambitions politiques américaines", a-t-elle ajouté.

"Si le contrat est rompu unilatéralement, l'argent devra être rendu à la Russie et des amendes et pénalités devront être payées", a de son côté déclaré Oleg Botchkariov, vice-président de la commission militaro-industrielle du gouvernement, cité par Interfax.

La vente à la Russie de deux Mistral conclue en 2011 avait été évaluée à environ 1,2 milliard d'euros par le gouvernement français de l'époque. Le premier bâtiment a été baptisé "Vladivostok" et le second doit s'appeler "Sébastopol", du nom du grand port de Crimée annexée cette année par la Russie.

Ce sont des BPC (bâtiments de projection et de commandement), c'est-à-dire des navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars, ou accueillir un état-major embarqué.

Les Mistral sont également les plus gros navires de guerre français, après le porte-avions Charles-de-Gaulle.

La construction se poursuit

L'inquiétude était grande mercredi soir aux chantiers navals de Saint-Nazaire, en Bretagne, déjà confronté à des problèmes conjoncturels. Selon le maire (PS) de la ville, David Samzun, la suspension de la livraison n'affecte pas la vie des chantiers, a-t-il affirmé jeudi, tandis que se poursuivait l'assemblage du deuxième bâtiment.

"La vie des contrats va se poursuivre, les essais en mer dans quelques jours" pour le premier navire, le Vladivostok, "et la poursuite de la construction du second navire qui est en cours", a-t-il expliqué. "Le seul point nouveau, c'est la date de livraison qui pourrait être remise en cause", a encore déclaré M. Samzun.

Selon lui, si la livraison n'était plus envisageable, "dans ce cas, la solidarité nationale et même européenne devrait intervenir pour que notre bassin d'emploi ne souffre en aucune manière sur le plan économique et donc social".

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