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France: pris dans la tornade Cahuzac, Hollande promet la transparence

Le président français François Hollande a assuré mercredi qu'il n'avait pas protégé son ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui a dévoilé l'existence d'un compte bancaire occulte à l'étranger.

03 avr. 2013, 18:57
Jérôme Cahuzac est sous le feu de la critique après ses mensonges.

Confronté à la plus grave crise politique de son mandat avec l'affaire Cahuzac, François Hollande a tenté mercredi de s'en sortir en annonçant des projets de loi. Le président français a assuré qu'il n'avait pas protégé son ex-ministre du Budget, qui a dévoilé l'existence d'un compte bancaire occulte à l'étranger.

"J'affirme ici que Jérôme Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innocence, et il a quitté le gouvernement à ma demande dès l'ouverture d'une information judiciaire", a dit M. Hollande dans une déclaration télévisée solennelle.

Le président a dénoncé "un outrage fait à la République" en évoquant les mensonges de son ancien ministre chargé de la lutte contre la fraude fiscale. M. Cahuzac est titulaire d'un compte bancaire non déclaré à l'étranger, d'abord en Suisse, ensuite à Singapour, totalisant 600'000 euros (près de 730'000 francs).

Pour tenter de limiter les dégâts, le chef de l'Etat a annoncé ou confirmé trois mesures visant à renforcer sa "République exemplaire", balayée par cette affaire au moment où les mauvaises nouvelles économiques ont déjà fait plonger le gouvernement dans les abysses des sondages.

On y trouve le renforcement de l'indépendance de la justice, une lutte "impitoyable" contre les conflits entre intérêts privés et publics et l'interdiction de tout mandat public pour les élus condamnés pénalement pour fraude fiscale ou corruption.

Jusqu'à cinq ans de prison

Après avoir nié depuis décembre la possession d'un compte non déclaré, Jérôme Cahuzac, ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et ex-chirurgien, a admis mardi avoir menti au président, au gouvernement, au Parlement et à plusieurs médias. Il a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, ce qui peut lui valoir jusqu'à cinq ans de prison en sus d'une amende.

L'enquête judiciaire menée en Suisse a permis d'établir l'existence du compte non déclaré de M. Cahuzac. L'ex-ministre avait ouvert ce compte auprès de la banque UBS en 1992. Le compte a été fermé à la fin de 2000 et l'argent a été transféré auprès de la société financière Reyl et Cie, toujours à Genève. Il a ensuite été transféré à Singapour en 2009, a précisé son avocat.

L'ex-ministre français du Budget a accepté que le parquet genevois "transmette en procédure simplifiée la documentation le concernant trouvée dans des établissements bancaires établis à Genève", a indiqué le Ministère public de Genève. Cette procédure simplifiée permettra de gagner plusieurs mois.

Attaques de partout

L'affaire a sidéré les anciens partenaires politiques de M. Cahuzac, qui crient à la trahison. Elle a provoqué à droite, au centre, à l'extrême droite et dans la gauche radicale des attaques contre l'exécutif, soupçonné soit d'avoir couvert l'ancien ministre, soit d'avoir été naïf.

"Qui peut croire aujourd'hui que François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n'étaient au courant de rien?", s'est étonné le président de l'UMP, Jean-François Copé. "Je ne vois pas d'autre solution que de démissionner le gouvernement et de dissoudre l'Assemblée nationale", a lancé la présidente du Front national, Marine Le Pen.

Exclu du Parti socialiste

Devant les députés, soumis à des questions en rafale sur le scandale, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a redit avoir "cru à la parole de cet homme et à sa signature car, comme tous les membres du gouvernement, il a signé une charte de déontologie".

"Notre indignation est totale, notre indignation, mais aussi notre colère", a-t-il lancé, chargeant encore la barque de Jérôme Cahuzac, exclu le matin-même du Parti socialiste. "C'est pourquoi j'affirme ici que quelles que soient les décisions de la justice, M. Cahuzac n'est pas digne en toutes circonstances d'exercer de nouvelles responsabilités politiques".

"Je n'ai jamais eu la volonté de blanchir Jérôme Cahuzac", s'est défendu le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, qui avait autorité de tutelle sur l'ancien ministre du Budget.

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