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Gaza: Israël accusé de "crime de guerre" tandis que les habitants fuient Chajaya

Les dirigeants palestiniens et la Ligue arabe ont accusé Israël d'avoir commis un "crime de guerre" et un "massacre" en pilonnant dimanche Chajaya, une banlieue de Gaza. Au moins 100 personnes ont été tuées en un jour, alors que des manifestations en soutien à la population palestinienne ont eu lieu tout au long du week-end dans le monde.

20 juil. 2014, 22:29
Le pilonnage de Chajaya par l'armée israélienne a fait une soixantaine de morts. Les habitants fuient cette banlieue de Gaza.

Selon les secours, au moins 62 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dans ce bombardement. Au total, au moins 100 tués à travers la bande de Gaza, la journée de dimanche est la plus sanglante depuis le 8 juillet, date du début de l'offensive israélienne pour neutraliser les capacités militaires du Hamas qui contrôle ce territoire. Samedi, au moins 46 personnes avaient été tuées.

A Chajaya, une journaliste de l'AFP a évoqué des scènes de carnage. Les rues étaient parsemées de voitures calcinées, dont une ambulance. Des milliers de personnes tentaient de quitter la zone depuis le matin.

"Le bombardement brutal et l'offensive terrestre à Chajaya sont des crimes de guerre contre les civils palestiniens et une escalade dangereuse qui pourrait avoir de lourdes conséquences", a dénoncé la Ligue arabe.

Demande lancée par le CICR
Le gouvernement palestinien a aussi "condamné de la manière la plus forte qu'il soit le massacre atroce commis par les forces près de la frontière israélienne", selon un communiqué, appelant la communauté internationale a "réagir immédiatement à ce crime de guerre".

Face à l'ampleur du bilan, l'armée israélienne a justifié son offensive sur ce quartier près de la frontière israélienne:

"Chajaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement", a affirmé l'armée. "Cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chajaya qu'ils devaient évacuer, a-t-elle dit. "Le Hamas leur a ordonné de rester, c'est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui revendiqué "le soutien très fort de la communauté internationale" parce que le monde considère que le Hamas "est le problème et non pas la solution".

Le président palestinien Mahmoud Abbas a de son côté demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une fragile trêve humanitaire demandée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour évacuer les tués et les blessés de Chajaya a été rompue par intermittence. L'armée a annoncé prolonger l'arrêt de ses tirs jusqu'à 17h30 (16h30 en Suisse) "bien que le Hamas ait tiré des roquettes".

Plus de 430 Palestiniens tués au total
Le président américain Barack Obama a déclaré dimanche à M. Netanyahu qu'il était gravement préoccupé par le nombre croissant de victimes. Mais il a à nouveau condamné les tirs de roquette palestiniens.

Au total, l'offensive israélienne a fait au moins 438 tués et 3000 blessés, des civils pour l'essentiel. L'ONU à Gaza a aussi indiqué accueillir désormais plus de 63 000 déplacés. Côté israélien, les victimes sont essentiellement des militaires. L'armée a indiqué avoir perdu 13 soldats dimanche. Depuis le début de l'offensive, 18 militaires et deux civils israéliens ont été tués

La branche armée du Hamas a revendiqué par ailleurs dimanche soir l'enlèvement d'un soldat israélien à Gaza.

Plusieurs milliers de sites ciblés
Au total, l'armée a fait état de 110 "terroristes" tués dimanche et quatorze tunnels mis au jour. Par ailleurs, près de 60 roquettes ont frappé l'Etat hébreu samedi.

Israël a mobilisé 53 200 réservistes pour l'offensive sur cette petite bande de terre de 362 km2 où s'entassent dans la misère 1,8 million de personnes. Depuis le 8 juillet, Tsahal a frappé 2570 objectifs, qualifiés de "sites terroristes".

M. Netanyahu a dit dimanche que l'opération militaire pourrait s'achever "assez rapidement".

Ban attendu
Sur le front diplomatique, les efforts se poursuivaient en vue d'une trêve. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon était attendu dimanche dans la région. Il a pressé Israël de "faire beaucoup plus" pour épargner les civils.

M. Abbas était lui à Doha pour rencontrer le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, qui réclame la levée complète du blocus de Gaza, l'ouverture du poste-frontière avec l'Egypte et la libération de détenus.

Ailleurs, les tirs israéliens ont mobilisé les manifestants samedi et dimanche dans plusieurs villes européennes, dont plus de 300 personnes à Genève. A Paris, où le rassemblement était interdit, plus de 40 personnes ont été arrêtées et dix-sept membres des forces de sécurité blessés.

Les Palestiniens fuient Chajaya

Après une nuit entière de bombardements, ils ont fini par fuir dimanche Chajaya, à l'est de la ville de Gaza. Certains sont partis pieds nus et en pyjamas. Ils ont laissé derrière eux des dizaines de cadavres et racontent avoir vécu l'enfer.

"Ça a commencé vers neuf heures du soir (samedi) et c'est devenu de pire en pire", témoigne Ahmed, entouré de sa femme, de ses belles-soeurs et de leurs enfants. "Le bombardement était partout autour de nous. Pas de lumière, pas d'eau, nous ne savions pas ce que nous devions faire", dit-il.

"Nous avons appelé les services des urgences, mais ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas nous atteindre, donc nous avons décidé de partir à pied", explique-t-il.

L'une des principales cibles d'Israël
Comme cette famille, des milliers d'habitants de Chajaya ont fui aux premières heures dimanche cette banlieue déshéritée, pilonnée depuis la veille au soir par les chars israéliens, et franchi à pied deux kilomètres de route défoncée jusqu'à la ville de Gaza, la peur chevillée au ventre.

Certains ont le visage couvert de poussière grise, et des vêtements tâchés de sang collés à la peau.

Depuis le début du conflit, le 8 juillet, Chajaya, non loin de la frontière avec Israël, est l'une des principales cibles de l'armée israélienne et son accès y est très dangereux.

Nombreux tués
Derrière eux, les habitants ont laissé de nombreuses victimes. Selon le chef des services de santé locaux, Youssef Abou Reesh, 60 personnes, parmi lesquelles au moins 17 enfants, 14 femmes et 4 personnes âgées, ont été tuées à Chajaya depuis les premières heures de dimanche.

En milieu de journée, Israël a annoncé une trêve de deux heures dans cette banlieue. Un cessez-le-feu demandé par la Croix-Rouge auquel le mouvement islamiste Hamas avait donné son accord. Un convoi de 15 ambulances est entrée à l'intérieur de Chajaya peu après 13h30, selon des journalistes de l'AFP. Les hostilités ont repris une demi-heure après le début de la trêve.

Les journalistes ont vu cinq cadavres dans les rues, au milieu de bâtiments en feu et de scènes de désolation, comme si le secteur avait été détruit par un tremblement de terre.

Images insoutenables
La chaîne de télévision locale al-Ketab a montré des images insoutenables de cadavres brûlés et déchiquetés, y compris d'enfants. Parmi les victimes figurent un ambulancier et un caméraman palestiniens.

Beaucoup de maisons situées en première ligne, face aux chars, sont complètement détruites, notamment dans les quartiers de Nazzaz et Chaaf.

Ambulances toutes les 5 minutes
L'armée israélienne a promis dimanche d'intensifier son offensive terrestre sur la bande de Gaza au 13e jour de ses attaques qui ont fait au moins 435 tués, dont une écrasante majorité de civils. Elle avait demandé aux habitants, par voie de tracts largués au-dessus du nord de la bande de Gaza, d'évacuer leur domicile.

Au grand hôpital Chifa, dans la ville de Gaza, les ambulances arrivent toutes les cinq minutes. Certaines victimes, la plupart touchées par des éclats d'obus, sont aussi transportées à bord de voitures particulières et de camions.

"On nous a dit qu'il y a encore d'autres blessés et des morts allongés dans les rues", désespère le docteur Saïd Hassan, qui attend devant l'hôpital.

"Jamais vu rien de pire"
"Je n'ai jamais vu rien de pire", lâche ce médecin de 38 ans qui travaille pour le ministère de la Santé à Gaza depuis huit ans.

Les habitants toujours bloqués à Chajaya décrivent une "terreur absolue". "C'est l'un des journées les plus noires de nos vies", dit Marah al-Wadia, une jeune femme de 23 ans qui en a connu d'autres, parlant par téléphone du district de Nazzaz à Chajaya.

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