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Genève: les discussions entre Syriens toujours dans l'impasse

Gouvernement accusé "d'effacer de la carte des quartiers entiers", dénonciation du rôle des jihadistes par les représentants de Damas: les deux délégations se sont accusés mutuellement jeudi à Genève de mener des actes terroristes.

30 janv. 2014, 18:32
 Human Rights Watch (HRW). Selon HRW, le gouvernement syrien a rasé des milliers d'habitations dans des secteurs où la population soutient l'opposition à Damas et à Hama (centre), comme "punition collective". L'ONG Human Rights Watch a accusé le pouvoir de Damas "d'effacer de la carte des quartiers entiers".

 L'impasse a persisté jeudi dans les discussions entre Syriens à Genève. Les représentants du régime et de l'opposition se sont accusés mutuellement d'actes de terrorisme et sont en désaccord complet sur la suite des négociations.

"Nous avons eu un moment prometteur", a déclaré dans sa conférence de presse quotidienne le représentant spécial conjoint de l'ONU Lakhdar Brahimi, "lorsque l'opposition a demandé d'observer une minute de silence en l'honneur de toutes les victimes" de la guerre. Toutes les délégations se sont alors levées, a-t-il dit.

Sinon, le médiateur s'est déclaré "très déçu" que les promesses d'évacuation des femmes et des enfants des quartiers rebelles et la distribution de vivres à Homs ne se soient pas matérialisées jusqu'ici. "Les négociations se poursuivent", a-t-il indiqué.

Lakhdar Brahimi a salué en même temps l'annonce que l'ONU a pu faire parvenir jeudi un convoi de vivres au camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, lequel héberge 18'000 personnes sous le contrôle des rebelles. Quelque 900 colis de vivres doivent y être distribués par l'Office de secours des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Premier round

M. Brahimi n'a pas fait état de progrès dans les discussions, qui se termineront vendredi comme prévu. "J'espère que nous pourrons tirer les leçons de ce premier round pour la prochaine fois et que, lorsque nous nous retrouverons, le dialogue sera mieux structuré", a-t-il dit. Il a expliqué qu'il avait dû laisser, à ce stade, les deux camps exprimer leurs inquiétudes et leur manière de voir.

Pendant la réunion plénière de jeudi, les représentants de Damas et de l'opposition se sont accusés mutuellement de mener des actes terroristes. "Nous avons apporté de nombreuses preuves des violences commises par l'Etat" syrien, a indiqué le porte-parole de l'opposition Louai Safi. L'opposition a dénoncé en particulier le rôle du Hezbollah chiite libanais et des milices pro-régime Shahiba.

Milliers d'habitations

Louai Safi a cité comme dernier exemple en date le rapport publié jeudi par Human Rights Watch (HRW). Selon HRW, le gouvernement syrien a rasé des milliers d'habitations dans des secteurs où la population soutient l'opposition à Damas et à Hama (centre), comme "punition collective". L'ONG a accusé le pouvoir de Damas "d'effacer de la carte des quartiers entiers".

HRW a en particulier documenté deux cas à Hama et cinq dans et autour de Damas entre juillet 2012 et juillet 2013, en utilisant l'imagerie satellitaire. Elle estime que 140 hectares, soit l'équivalent de 200 terrains de football, ont été rasés.

De son côté, la délégation gouvernementale a présenté à Genève une déclaration dans laquelle elle a appelé à l'"arrêt du financement, de l'armement et de l'entraînement des terroristes". "Combattre les organisations terroristes et les chasser hors de Syrie est le devoir de tout Syrien", affirme le document.

Violence "terroriste"

Les deux camps sont en complet désaccord sur la manière de procéder. Le régime de Damas insiste pour que les discussions portent d'abord sur l'arrêt de la violence "terrroriste", alors que l'opposition veut discuter en priorité de la formation d'un gouvernement de transition.

"On ne peut pas mettre la charrue avant les boeufs", a expliqué le porte-parole des opposants Louai Safi. "On n'arrêtera pas la violence si le régime d'Assad reste en place", a-t-il dit.

Signe d'une possible évolution en parallèle sur le plan diplomatique, le chef de la coalition de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, se rendra le 4 février à Moscou, pour sa première visite officielle en Russie, a affirmé son conseiller. Il a accepté l'invitation de Moscou, a précisé Monzer Aqbib.

Inquiétudes de Washington

Le chef du Pentagone Chuck Hagel a déclaré à Varsovie que Washington est "inquiet" du fait que la Syrie n'ait évacué de son territoire que moins de 5% de son arsenal chimique le plus dangereux et soit en retard dans le calendrier du transfert de ces armes.

Le ministre américain a demandé à Damas de respecter ses engagements. La Syrie n'a transféré hors de son territoire que moins de 5% de son arsenal chimique qui aurait dû être évacué au 31 décembre, selon des sources proches de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Seuls deux chargements d'agents chimiques ont quitté la Syrie, les 7 et 27 janvier, via le port de Lattaquié pour être détruits en mer.

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