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Génocide de Srebrenica: les musulmans de Bosnie se recueillent

Dix-huit ans après le massacre de Srebrenica, plus de 15'000 musulmans de Bosnie se sont recueillis jeudi lors d'une commémoration. 409 victimes identifiées depuis le dernier anniversaire ont été inhumées.

11 juil. 2013, 19:01
Les musulmans ont prononcé ensemble la prière pour les morts avant de mettre les cercueils, enveloppés de linceuls verts, en terre.

Plus de 15'000 musulmans de Bosnie ont commémoré jeudi le génocide de Srebrenica, dix-huit ans après le massacre de 8000 hommes et adolescents par les forces serbes bosniennes. Les obsèques de 409 victimes se sont déroulées dans le cadre de cette commémoration.

Une averse s'est abattue sur le cimetière mémorial en début d'après-midi peu avant l'enterrement des corps des 409 victimes identifiées depuis le dernier anniversaire. Lorsque la pluie a cessé, une heure plus tard, les participants, tournés vers La Mecque, ont prononcé ensemble la prière pour les morts avant de mettre les cercueils, enveloppés de linceuls verts, en terre.

Hava Muhic, dont le mari Hajrudin a été tué dans le massacre et a déjà été enterré, tient à peine debout. Elle est portée par deux femmes jusqu'à la tombe où a été enseveli son bébé, une fille, morte peu après son accouchement, dans la base de l'ONU à Potocari, près de Srebrenica, en juillet 1995.

Le bébé avait été exhumé en 2012 d'une fosse commune qui se trouvait sur le site de l'ancienne base de l'ONU, a expliqué un responsable en charge des cérémonies, Kenan Karavdic.

Parmi les victimes qui ont été enterrées jeudi, il y a deux femmes qui à l'époque des faits avaient 19 et 73 ans. "Avec ces nouvelles 409 victimes, on aura identifié et enterré depuis dix ans au total 6066" victimes, précise M. Karavdic.

Plusieurs dizaines de charniers

Munira Subasic, une mère de Srebrenica, dont le mari et le fils ont été tués dans le massacre, a assisté à l'enterrement des restes de son fils Nermin, âgé de 17 ans le jour de sa mort. "J'espérais retrouver tous ses os, les jambes, les bras, la tête. Imaginez comment pourrait se sentir une mère à qui l'on dit qu'elle va enterrer seulement deux os de son fils", murmure-t-elle.

Le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin du conflit intercommunautaire de Bosnie (1992-95), les troupes serbes bosniennes avaient pris le contrôle de Srebrenica, enclave musulmane proclamée en 1993 "zone protégée" de l'ONU.

Quelque 8000 hommes et adolescents ont été tués en l'espace de quelques jours. Leurs restes ont été retrouvés dans plusieurs dizaines de charniers. Ce massacre, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, a été qualifié de génocide par la justice internationale.

Les querelles politiciennes, qui opposent des responsables serbes, musulmans et croates de Bosnie et qui sont le plus souvent motivées par des raisons ethniques, ont empêché de nombreuses réformes ces dernières années et bloqué la marche du pays vers l'Union européenne.

Mladic et Karadzic devant le TPIY

Le fait que les responsables politiques serbes refusent d'admettre que le massacre de Srebenica constitue un génocide et qu'ils minimisent régulièrement la gravité de ce crime constitue un important point de discorde avec les musulmans.

Après avoir échappé à la justice internationale pendant des années, les ex-chefs militaire et politique des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic et Radovan Karadzic sont actuellement jugés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), notamment pour le massacre de Srebrenica.

Jusqu'à présent, 38 anciens militaires et policiers serbes de Bosnie ont été condamnés à des peines de prison par le TPIY et la justice bosnienne pour le massacre de Srebrenica, dont certains pour génocide.

Jeudi à La Haye, le TPIY a rétabli le chef d'accusation de génocide pour lequel l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic avait été acquitté et qui concernait le génocide de musulmans et Croates de Bosnie en 1992. Il fait donc à nouveau l'objet de onze chefs d'accusation.

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