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Grèce: un scrutin de crise, incertain et sous tension

Les Grecs sont appelés aux urnes dimanche 6 mai pour élire leurs députés, et surtout essayer de trouver une majorité capable de sortir le pays de sa crise.

03 mai 2012, 11:46
Ces élections législatives anticipées s'inscrivent sur un agenda électoral chargé dans une Europe gagnée par la récession et le chômage.

Les onze millions de Grecs sont appelés aux urnes dimanche 6 mai pour élire leurs députés, et surtout essayer de trouver une majorité capable de sortir le pays de sa crise. Le tout sur fonds de recomposition politique historique et toujours sous la menace d'une sortie de l'euro.

Ces élections législatives anticipées s'inscrivent sur un agenda électoral chargé dans une Europe gagnée par la récession et le chômage: le même jour, outre les Français qui votent pour leur président, des municipales ont lieu en Italie, scrutins à même de tester l'assentiment ou la résistance aux recettes d'assainissement budgétaire et d'austérité imposées par le couple Merkel-Sarkozy, selon les analystes.

En Grèce, "il s'agit des élections les plus incertaines depuis les années cinquante" estime l'analyste politique Georges Sefertzis. "Nous allons avoir une longue nuit d'élection et je ne suis pas du tout sûr de qui va gagner" ajoute-t-il.

Austérité ou non

Pour la majorité des Grecs qui vivent depuis cinq mois sous un gouvernement de coalition socialistes-conservateurs dirigé par un ex-banquier central, l'enjeu principal du scrutin porte sur "memorandum ou pas memorandum".

C'est-à-dire acceptation ou non de la rigoureuse cure d'austérité incluse dans un memorandum d'accord conclu entre la coalition Pasok-Nouvelle Démocratie au pouvoir et les créanciers UE-FMI en échange de leur soutien financier pour éviter la faillite du pays, résume le politologue et sondeur Ilias Nikolakopoulos.

Les deux partis au pouvoir, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite) aimeraient imposer l'enjeu "euro ou pas euro" qui en découle, souligne l'analyste. Mais pour l'instant ils n'y parviennent pas.

Contexte difficile pour une campagne

Les sondeurs prévoient un effondrement de ces deux partis, pilier du jeu politique grec depuis le retour de la démocratie en 1974, accusés d'avoir accepté sans résister les mesures d'austérité, et rendus responsables de la mauvaise gestion passée du pays ainsi que de la corruption née de leur clientélisme.

A leur décharge, il est difficile de faire campagne quand le programme électoral est constitué des futurs ajustements budgétaires déjà prévus pour 2013 et 2014 par les bailleurs de fonds qui viennent d'accorder une deuxième bouée de centaines de milliards d'euros au pays surrendetté.

Du coup, le débat électoral est essentiellement assuré par les extrêmes et les opposants à l'austérité, avec le maintien d'un solide bloc de gauche communiste et radicale, et surtout l'émergence d'un parti ouvertement néo-nazi.

Cette dernière formation recrute à Athènes et dans les zones deshéritées, surfant sur le sentiment anti-immigrés dans une Grèce où le chômage culmine à 21,8% et le PIB a chuté de près de 15% en quatre ans.

"Vote-santion" attendu

Après l'abaissement du niveau de vie des fonctionnaires depuis 2010, les salariés du privé subissent le même ajustement à la baisse après des coupes de 20% en moyenne sur les salaires. Du coup, les analystes parient sur un "vote-sanction" des mesures de rigueur, d'autant que jamais le choix de candidats et de partis n'a été aussi large depuis la chute de la dictature des colonels.

Pour Christophe Vernardakis, analyste de l'institut VPRC, la possible entrée de Chryssi Avhi (Aube dorée), groupe xenophobe et violent, au parlement grec "risque d'être la grande surprise du scrutin". Au total, 32 partis sont en lice, dont une dizaine ont une chance d'entrer au parlement, au lieu de cinq actuellement, selon les sondages.

"Il y a des gens très inquiets en ce moment" sur la possibilité de former un gouvernement après les élections, note M. Nikolakopoulos. Mais la "pression de la société pour un gouvernement de coalition est très très forte", ajoute-t-il et les comportements des partis traditionnels devront changer.

Le problème, c'est que pour l'instant les "vieux" partis passent leur temps à s'invectiver, et font une campagne à l'ancienne comme lorsqu'ils réunissaient 80% des voix, ajoute-t-il. Aucun accord n'a encore été trouvé pour organiser un débat télévisé entre les deux leaders Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie) et Evangélos Vénizélos (socialiste).

"Quoi qu'il se passe en Europe, où le débat est ouvert sur le changement éventuel de la politique économique, quoi qu'il se passe aux élections grecques du 6 mai, une chose est certaine, à savoir qu'il nous appartient à nous, les Grecs, de sortir notre pays de la crise et de réintégrer la société des pays non dépendants" rappelait à l'ordre le directeur du quotidien Kathimerini, Nicos Kostandaras, dans un éditorial vendredi dernier.

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