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Grève générale en Tunisie ce vendredi après la mort d'un opposant

La Tunisie a lancé un appel à la grève générale vendredi. Des heurs violents ont éclaté après l'assassinat du leader de l'opposition Chokri Belaïd. Le siège du parti islamiste Ennahda a été incendié.

07 févr. 2013, 16:40
La Tunisie sera en grève vendredi.

La crise politique en Tunisie perdure. Au lendemain de l'assassinat d'un opposant, les islamistes au pouvoir rejettent la formation d'un gouvernement de technocrates proposée par le Premier ministre. Par ailleurs, un appel à une grève générale vendredi a été lancé.

Des heurts ont opposé jeudi quelques centaines de manifestants et la police à Tunis et Gafsa (centre). Elles font suite aux graves violences de la veille à Tunis qui ont fait un mort dans les rangs de la police. A Siliana (nord-est), des manifestants ont brûlé aussi le siège du parti islamiste Ennahda, au pouvoir.

Le chef du groupe parlementaire Ennahda a opposé une fin de non recevoir à la formation d'un gouvernement d'experts. Cette proposition avait été formulée mercredi par le Premier ministre Hamadi Jebali, lui-même un dirigeant de ce parti.

"Nous avons refusé cette proposition (...) le chef du gouvernement a pris cette décision sans consulter la coalition (gouvernementale) ni le mouvement Ennahda", a annoncé Sahbi Atig. Tout cabinet doit être approuvé par l'Assemblée nationale constituante où Ennahda contrôle 89 des 217 sièges.

Il a par ailleurs souligné que faute de Constitution, le Premier ministre n'a juridiquement pas "le droit de démettre de leur fonction les membres du gouvernement". La proposition de former un tel gouvernement a pourtant été bien accueillie par l'opposition et la société civile.

Obsèques a priori vendredi

L'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, notamment condamné par plusieurs pays, dont la Suisse, a incité les avocats et magistrats a se mettre en grève depuis jeudi. Les salles d'audience du principal tribunal de Tunis étaient vides.

Quatre parti politiques ainsi que le principal syndicat (UGTT) ont appelé à une grève générale vendredi. Ce jour pourrait aussi être celui des funérailles de l'opposant.

Malgré son poids politique modeste, Chokri Belaïd se distinguait par ses critiques acerbes envers Ennahda. Celles-ci trouvaient une forte résonance dans les rangs des laïques soupçonnant les islamistes de vouloir rogner leurs libertés.

L'enquête piétine

Une partie de l'opposition et la famille du défunt accusent Ennahda d'être responsable de l'assassinat, crime sans précédent depuis la révolution. Aucune avancée dans l'enquête n'a été annoncée jeudi. Ennahda a rejeté ces accusations, alors qu'une milice pro-islamiste est régulièrement accusée d'attaquer les opposants au pouvoir en place.

Face aux risques d'instabilité, l'ambassade France a appelé ses quelque 25'000 ressortissants à la prudence et annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7000 élèves) vendredi et samedi.

Démission exigée

Des opposants ont par ailleurs réclamé la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Depuis quinze mois, elle ne parvient pas à rédiger de Constitution faute de compromis réunissant les deux-tiers des députés.

"Le gouvernement n'est plus capable de gérer les affaires du pays, tout comme l'ANC (...) Ils doivent démissionner dans l'intérêt du peuple", a déclaré à radio Shems-FM, Béji Caïd Essebsi, ex-Premier ministre à la tête de la formation Nidaa Tounès.

Les violences politiques et sociales se sont multipliées ces derniers mois face aux espoirs déçus de la révolte de 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali. La Tunisie est dirigée depuis des élections d'octobre 2011 par une coalition dominée par Ennahda et alliée à deux partis laïques de centre-gauche dont celui du président Moncef Marzouki.

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