Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Guantanamo: un "cri humanitaire" au procès de l'alimentation forcée

La justice fédérale américaine se penche pour la première fois sur un cas d'alimentation forcée à Guantanamo. Les avocats d'un prisonnier, qui proteste contre sa détention par des grèves de la faim régulières, évoquent une pratique "douloureuse et humiliante".

07 oct. 2014, 07:17
Dans sa commission rogatoire internationale du 2 janvier, la juge française Sophie Clément demande à pouvoir «procéder à toutes constatations matérielles utiles sur la base américaine de la baie de Guantanamo».

"C'est un cri humanitaire". Les avocats d'un gréviste de la faim à Guantanamo ont fait le procès lundi de l'alimentation forcée dans cette prison qui, associée à des brimades, n'est rien d'autre selon eux que "douloureuse et humiliante".

C'est la première fois depuis l'arrivée il y a près de 13 ans des premiers détenus dans cette prison controversée, située sur des terres cubaines éloignées de toute frontière américaine, que la justice fédérale se penche sur les conditions de confinement.

Un des 149 détenus, Abou Dhiab, enfermé sans inculpation ni jugement depuis 2002 et que les autorités américaines ont jugé libérable depuis 2009, proteste contre sa détention par des grèves de la faim régulières. "C'est le seul moyen qu'il a de protester pacifiquement contre sa détention", a déclaré à l'audience un de ses avocats Eric Lewis, "les mois, les années ont passé et il est toujours là. Sa grève de la faim, c'est un cri humanitaire, il n'a pas le choix".

Sondes nasogastriques

Pourtant, "jour après jour, mois après mois, année après année", le Syrien est extrait de force de sa cellule, attaché avec des sangles à une chaise où il est nourri de force par des sondes nasogastriques qui lui sont insérées et retirées plusieurs fois par jour.

"Tout ce qu'il veut, c'est être traité humainement", a martelé l'avocat, rappelant à la juge Gladyss Kessler qu'elle avait elle-même qualifié la procédure de "douloureuse et humiliante".

Le procureur Andrew Warden a en revanche estimé que "l'alimentation par voie interne est mise en place de manière humaine et appropriée" à Guantanamo. Il a souligné que la chaise - que les détenus qualifient de "chaise de torture" - n'était pas "utilisée comme un châtiment ou pour infliger une souffrance" mais par "mesure de sécurité".

L'audience se poursuivait lundi avec l'audition d'un ancien psychiatre de l'armée, Stephen Xenakis et mardi, avec un spécialiste de l'éthique médicale, Steven Miles. La juge Gladyss Kessler a ordonné que la quasi-intégralité des débats soient publics, au grand dam du gouvernement qui avait réclamé le huis clos.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias