Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a pris des décisions impopulaires pour tenter de juguler l'important déficit de l'Etat. Il a décrété dimanche une hausse des taxes sur le tabac et l'alcool, après une augmentation du prix de l'essence annoncée vendredi soir.
Le décret gouvernemental publié a pris effet à minuit vendredi. Il prévoit une baisse des subventions sur l'essence, ce qui signifie qu'elle coûte plus cher pour le consommateur. Par exemple, le prix du litre d'essence à indice d'octane 92 est passé de 1,85 à 2,6 livres égyptienne (+ 0,10 franc), selon l'agence officielle Mena.
Cette décision avait provoqué la colère de chauffeurs de taxis samedi. Les pêcheurs ont à leur tour manifesté leur mécontentement dimanche dans la ville côtière de Rosetta, avant que la police ne disperse leur cortège. Deux personnes ont été arrêtées, selon les médias officiels.
Dans le pays où les crises à répétition depuis début 2011 ont fait fuir touristes et investisseurs, et mis l'économie à genoux, l'Etat consacre plus de 30% de son budget aux subventions sur les hydrocarbures et les produits alimentaires.
Dimanche, rencontrant la presse égyptienne, M. Sissi a défendu cette hausse. "Que nous le voulions ou non, ces décisions devaient être prises, maintenant ou plus tard", a-t-il dit, selon des propos rapportés par le site du quotidien gouvernemental Al-Ahram.
"Il vaut mieux affronter (la situation) plutôt que de laisser le pays couler", a ajouté celui qui fait campagne pour l'austérité. Il a appelé les Egyptiens à faire des sacrifices pour l'économie de leur pays.
Bière et vin plus chers
Ainsi à compter de lundi, selon l'agence officielle Mena, le prix des cigarettes importées sera augmenté de 50%, tandis que celui des cigarettes produites localement sera augmenté de 1,75 à 2,75 livres égyptiennes (+ 0,15 franc). En outre, les taxes sur la bière seront augmentées de 200% et celles sur le vin de 150%.
Alors que des craintes se font jour sur une possible augmentation de nombreux biens de consommation en réaction à la hausse des prix du carburant, M. Sissi a reconnu qu'il n'existait pas pour le moment de mécanisme de contrôle des prix. Il sera mis en place d'ici six mois, a-t-il promis, a indiqué l'agence officielle Mena.
Augmentation des impôts
Le gouvernement a également approuvé une augmentation des impôts et annoncé que le prix de l'électricité augmenterait graduellement sur cinq ans.
Près de 40% de la population égyptienne (soit 34 millions de personnes) vit en-dessous ou tout juste au-dessus du seuil de pauvreté, selon le gouvernement. L'économie égyptienne surnage actuellement grâce aux aides du Golfe.