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"Il y a eu une volonté de m'humilier", selon Nicolas Sarkozy

Quelques heures après sa mise en examen pour trafic d'influence et corruption, l'ex-président français Nicolas Sarkozy s'est exprimé en direct devant les Français. Il se dit choqué par la méthode de la justice française et évoque un éventuel retour en politique.

03 juil. 2014, 07:00
L'ancien président français Nicolas Sarkozy quitte son domicile parisien mercredi.

L'ex-président français Nicolas Sarkozy a affirmé mercredi n'avoir "jamais" commis "un acte contraire à l'Etat de droit". Il a dénoncé "une instrumentalisation politique d'une partie de la justice" après sa mise en examen pour "corruption active" de magistrat.

"Il y a eu une volonté de m'humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue qui n'est pas un statut normal", a déclaré M. Sarkozy. Il a affirmé n'avoir "jamais trahi la confiance" de personne lors d'un entretien diffusé en début de soirée par la radio Europe 1 et la chaîne de télévision privée LCI du groupe TF1.

"Dans notre pays, qui est le pays des droits de l'Homme et de l'Etat de droit, il y a des choses qui sont en train d'être organisées. Les Français doivent les connaître et, en leur conscience et en toute liberté, doivent juger de ce qu'il en est", a aussi affirmé l'ancien chef de l'Etat (2007-2012).

Procédure coercitive

La contre-attaque de Nicolas Sarkozy est intervenue quelques heures après sa mise en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption et trafic d'influence actifs. La garde à vue de M. Sarkozy, qui a duré quinze heures, est une procédure coercitive inédite en France à l'encontre d'un ancien président.

La corruption et le trafic d'influence sont des délits passibles de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison. M. Sarkozy a qualifié de "grotesques" les trois chefs d'accusation pour lesquels il a été mis en examen.

Impartialité mise en cause

L'ex-président a aussi mis en cause l'impartialité d'une des juges qui l'a mis en examen, Claire Thépaut. Il a rappelé qu'elle appartient au Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche.

"Est-il normal qu'on choisisse (...) un magistrat qui appartient au SM?" et "dont l'obsession politique est de détruire la personne contre qui il doit instruire à charge et à décharge?", s'est interrogé l'ancien président.

Aucune "double facturation"

Questionné sur l'affaire Bygmalion, cette société soupçonnée de fausses factures lors de sa campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a répondu qu'il n'y avait jamais eu "le moindre système de double facturation".

Il a également signalé qu'il dira "fin août, début septembre" s'il revient en politique en étant candidat à la direction de son parti, l'UMP (opposition de droite). Une élection à la présidence de cette formation est prévue cet automne.

Deux autres inculpés

Deux autres personnes ont été inculpées en même temps que Nicolas Sarkozy. Ce sont son avocat et ami Thierry Herzog et un avocat général à la Cour de Cassation, Gilbert Azibert.

Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien président a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de M. Azibert sur une décision de justice le concernant. Cela en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco, poste "qu'il n'a pas obtenu", a signalé M. Sarkozy mercredi soir.

Espoirs de l'UMP douchés

Cette mise en examen est venue doucher les espoirs dans le camp de l'UMP. D'autant que l'ex-chef d'Etat est menacé par une demi-douzaine d'autres affaires judiciaires. Certains sarkozystes ont dénoncé un "acharnement totalement disproportionné".

Les ténors de droite sont restés prudents. L'ancien Premier ministre François Fillon a jugé "urgent que la lumière soit faite". Alain Juppé, autre prétendant virtuel à la présidentielle de 2017, a souhaité mercredi que l'"innocence" de Nicolas Sarkozy soit démontrée par la justice.

Placement sur écoutes

L'inculpation de Nicolas Sarkozy fait suite à son placement sur écoutes en septembre 2013. La mesure avait été décidée dans une enquête sur des accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

La corruption suspectée "ne repose que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue", a affirmé l'avocat de Thierry Herzog.

Outre les dossiers de financement libyen et de trafic d'influence, le parquet de Paris a confié à des juges financiers une enquête sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy. Ses meetings semblent avoir été en grande partie financés par l'UMP afin de masquer un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.

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