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Îles Fidji: les élections démocratiques font leur retour après huit ans de junte

Depuis le coup d'Etat militaire de décembre 2006, les Fidjiens retrouvent pour la première fois les urnes pour des élections démocratiques.

17 sept. 2014, 11:15
De longues files d'attente s'étaient formées au bureau de vote de la capitale Suva, où l'homme fort de Fidji, Voreqe Bainimarama, a déposé son bulletin en prédisant sa propre victoire.

Les Fidjiens se sont rendus aux urnes mercredi pour les premières élections démocratiques organisées depuis le coup d'Etat militaire de décembre 2006. Cet archipel du Pacifique sud est en proie depuis des décennies à des rivalités ethniques et à l'instabilité politique.

Le scrutin est considéré comme un tournant dans l'histoire récente de l'archipel. Les Fidji ont connu quatre coups d'Etat entre 1987 et 2006, sur fond de tensions entre les Mélanésiens et les Indo-fidjiens, qui représentent 40% des 900'000 habitants.

De longues files d'attente s'étaient formées dès avant l'ouverture à 07h30 (21h30 mardi en Suisse) du bureau de vote installé dans une école de la capitale Suva, où l'homme fort de Fidji, Voreqe Bainimarama, a déposé son bulletin en prédisant sa propre victoire.

Comme Irivi Draundalo, de nombreux électeurs étaient venus en habits du dimanche pour participer avec solennité à ce retour annoncé de la démocratie. "Je suis optimiste", a-t-il déclaré. "Après huit ans (de régime militaire), j'ai hâte de voter. Il y a eu trop de coups d'Etat. Fidji a besoin d'un gouvernement vraiment démocratique".

Pas d'incident signalé

En dépit des craintes, aucun incident n'a été signalé jusqu'à la fermeture des bureaux de vote à 20h00 (08h00 mercredi en Suisse). "D'après ce que nous savons, il n'y a eu aucune violence", a déclaré Mohammed Saneem, chargé de surveiller le bon déroulement des opérations.

Des ONG de défense des droits de l'Homme demeurent néanmoins prudentes. Amnesty International craint en particulier un "leurre démocratique". L'organisation accuse Voreqe Bainimarama d'avoir instauré "un climat de peur" et nui durablement à l'Etat de droit.

Pouvoir militaire

M. Bainimarama a pris le pouvoir le 5 décembre 2006, lors d'un coup d'Etat, sans effusion de sang. Des tensions entre Fidjiens de souche et Indo-Fidjiens agitaient alors le pays.

Longtemps, le pouvoir politique et militaire est demeuré entre les mains des premiers, les Mélanésiens. Descendants de la main-d'oeuvre indienne importée par les Britanniques pour travailler dans les champs de canne à sucre, les Indo-Fidjiens avaient en revanche la haute main sur l'économie.

Dans les années 1980, les Indiens ont toutefois étendu leur influence aux sphères politiques, suscitant des réactions nationalistes des Fidjiens et une série de coups d'Etat.

Vorege Bainimarama a abrogé le système électoral garantissant la prépondérance des Mélanésiens dans les institutions. "C'est un jour important pour Fidji qui vote pour la première fois sans discrimination", a-t-il déclaré.

"Autrefois on formait différentes files d'attente devant les bureaux de vote en fonction des races. C'est terminé. La démocratie revient à Fidji", a-t-il promis.

262 candidats

L'ancien militaire, âgé de 60 ans, est crédité de 50 à 60% des intentions de vote dans les sondages. Interrogé sur la possibilité de perdre l'élection, il a répondu: "Je ne vais pas perdre, je vais gagner, demandez cela aux autres partis", avant de concéder: "Nous accepterons les résultats du vote, c'est le sens d'un processus démocratique".

Les quelque 590'000 électeurs inscrits avaient le choix entre 262 candidats, issus des rangs de sept partis. Ils vont désigner les 50 membres du Parlement, conformément à la nouvelle Constitution adoptée l'an dernier.

Un groupe de 90 observateurs internationaux dirigé par le diplomate australien Andrew Goledzinowski était chargé de veiller au bon déroulement du scrutin sur les 300 îles de l'archipel. Un rapport préliminaire est attendu jeudi.

Les résultats officiels ne sont pas attendus avant sept jours, mais des résultats préliminaires pourraient être rendus publics jeudi à 02h00 (16h00 mercredi en Suisse).

Sous la pression de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, Fidji est actuellement suspendu du Commonwealth et du Forum des Iles du Pacifique. L'archipel espère retrouver sa place dans ces organisations et regagner la confiance des investisseurs.

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