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Indignation en Turquie après le vote français

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mardi le vote par le parlement français d'une loi "raciste et discriminatoire".

24 janv. 2012, 17:35
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La veille, le Sénat français avait adopté un texte qui pénalise la négation des génocides, notamment celui des Arméniens par les Turcs en 1915.

Le Sénat français, à majorité de gauche, a adopté lundi soir le projet de loi sur les génocides, déjà voté en décembre par l'Assemblée nationale à majorité de droite. Il appartient maintenant au président Nicolas Sarkozy de ratifier ce texte.

Le chef du gouvernement turc a dit espérer que la France, alliée d'Ankara au sein de l'OTAN, saurait "corriger cette erreur". Dans l'attente, il a promis de différer toute mesure de représailles.

Mesures étape par étape

"Nous ne tolérerons pas que quiconque cherche à marquer des points sur l'échiquier politique aux dépens de la Turquie. La loi adoptée en France est clairement discriminatoire et raciste", a dit Recep Tayyip Erdogan aux députés de son parti, l'AKP issu de la mouvance islamiste, réunis au parlement d'Ankara.

Le premier ministre turc a précisé que son pays adopterait une attitude "digne et raisonnable". "Nous appliquerons nos mesures étape par étape. Pour l'instant, nous faisons montre de patience", a-t-il dit.

Dès lundi soir, le ministère turc des Affaires étrangères avait dénoncé un acte "irresponsable" et "injuste" de la France, et menacé de réduire sa présence diplomatique en France.

Bakou critique, Erevan ravi

Lorsque l'Assemblée nationale française avait voté en décembre le texte controversé, Ankara avait annulé tous ses rendez-vous économiques, politiques et militaires avec Paris et brièvement rappelé son ambassadeur.

L'Azerbaïdjan, proche allié de la Turquie et en conflit avec l'Arménie à propos de la région séparatiste azerbaïdjanaise du Nagorny Karabakh, s'est joint aux protestations turques.

Pour le président de l'Arménie, Serge Sarkissan, la décision française marque "un jour historique pour les Arméniens du monde entier". "C'est un jour inoubliable, qui restera inscrit en lettres d'or dans les relations séculaires entre les peuples français et arménien", a-t-il dit.

L'Arménie évalue à un million et demi le nombre de chrétiens arméniens massacrés par les Turcs pendant la Première Guerre mondiale et affirme qu'il s'agissait là d'une politique délibérée de génocide ordonnée par l'Empire ottoman. Ankara reconnaît de nombreuses victimes dans des combats entre les deux camps mais dément toute volonté génocidaire.

Alain Juppé calme le jeu

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a, lui, plaidé pour l'apaisement avec la Turquie. Il a répété qu'il jugeait la nouvelle loi inopportune mais a pris acte du vote du Sénat et a appelé Ankara à la raison.

"Ce que je voudrais faire aujourd'hui, c'est appeler nos amis turcs au sang-froid", a dit le chef de la diplomatie française mardi matin sur Canal+. "La Turquie est un grand pays, une grande puissance économique, une grande puissance politique, nous avons besoin d'avoir de bonnes relations avec elle", a-t-il ajouté.

La France est le cinquième marché à l'exportation pour la Turquie et son sixième principal fournisseur en biens et services. Le commerce bilatéral s'est élevé à 13,5 milliards de dollars pour les dix premiers mois de 2011.

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