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Attentats à Paris: interview d'un journaliste parisien couvrant les attentats

Nicolas Dubus (nom d'emprunt) est journaliste dans une grande radio parisienne. Il est parisien de naissance et n'a jamais vécu quelque chose d'aussi choquant dans sa ville et son pays. Il décrit.

15 nov. 2015, 17:52
/ Màj. le 16 nov. 2015 à 06:32
Le soufflet retombera-t-il comme après les attentats de Charlie en janvier dernier?

Après l'onde de choc, comment vous êtes-vous réveillé ce dimanche?

Les magasins sont fermés, les cinémas aussi. Je n'ai pas de souvenir d'avoir vu des cinémas fermés, à six semaines de Noël, il fait beau à Paris mais les gens ne sortent pas pour voir James Bond ou faire leurs courses. L'Etat nous demande de ne pas sortir. Seulement en cas d'extrême necessité... Bon je suis allé dans ma salle de sport hier matin en proche banlieue parisienne et c'était fermé. Tous les équipements sportifs étaient d'ailleurs fermés et je ne sais pas pour combien de temps. Je devais aller au Stade de France ce vendredi et j'ai dû changer mes plans. Je n'ai pas bien compris ce qui s'est passé car les terroristes étaient à l'extérieur. Se faire exploser en dehors du stade alors que le match était en cours, je ne pense pas que c'était leur but. Donc, ç'aurait pu être plus grave avant ou après le match sur le chemin de la ligne de métro. 

Quel était le sentiment qui prévalait ce dimanche matin?

le sentiment est mixte. Je pense que les gens attendent une réaction de l'Etat. Après les attentats de Charlie, j'avais l'impression que le terrorisme était de retour en France mais c'était une attaque ciblée. Il ne faut plus s'attendre à autre chose que des attaques aveugles dorénavant. Cette fois, cette réalité a rattrapé les gens.

Les Français avaient vraiment eu envie de se mobiliser le 11 janvier, cependant l'élan était retombé assez vite. Malheureusement je pense que ça retombera une fois de plus. Il y a une demande d'Etat aujourd'hui, une demande de réponses fermes des autorités françaises aux attaques.

Qu'avez-vous pensé de la réaction du président de la République?

Le discours de François Hollande prononcé après les attentats est assez proche de la sémantique de George Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. La France sera impitoyable.

Le débat sur l'EI ne touche pas beaucoup le Français moyen. Les Français ont aussi évité pas mal le débat sur la sécurité jusqu'à aujourd'hui. Maintenant, les gens que je côtoie estiment qu'on est compétent en matière de sécurité, que les renseignements intérieurs et extérieurs font globalement un bon travail... mais force est de constater que malgré tous les attentats déjoués, ceux de vendredi n'ont pu être empêchés.

En tant que journaliste, comment couvrez-vous cet événement à la radio?

Il y a une ampleur supplémentaire cette fois. Les journalistes spécialisés dans la défense et les experts que l'on invite disent que nous sommes en guerre, donc on reprend ces mots. À l'antenne, on est prudent avec la sémantique mais elle est la même que chez les politiques. 

Les experts disent aussi que si François Hollande dit que nous devons être impitoyables, nous n'avons en France pas les moyens d'être impitoyables contre l'Etat islamique.

On manque de moyens humains à l'intérieur du pays. Les policiers qui n'en peuvent plus de faire des heures supplémentaires en matière de sécurité. À l'extérieur aussi, nous n'avons pas non plus l'armée afin d'être impitoyable.


Comment régler les problèmes d'exclusion de ces Français qui prennent le chemin de l'extrémisme et qui partent s'entraîner avec l'EI en Syrie?

Il y a un problème d'exclusion mais les Français ne sont pas vraiment dans ce débat. Certes, j'entends parler de la responsabilité des musulmans de se moderniser, de reconsidérer la formation des imams. Mais, nous sommes encore un peu plus aujourd'hui dans une forme de fatalisme. Il faudra s'habituer aux attentats dans les grandes villes. Et  se défendre.

Je crois qu'il faut être réaliste, la France est en guerre pour la liberté, contre le terrorisme, une guerre contre le terrorisme, c'est comme un guerre économique ou une guerre de tranchées en 1918, je ne vois pas comment on pourrait qualifier cette situation autrement. Et c'est une grande partie de la France qui réagit aujourd'hui... car ce n'est plus ciblé comme pour Charlie Hebdo, tout le monde peut-être visé.

 

 


 
 

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