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Istanbul: le peuple manifeste pour la démocratie suite aux réactions d'Erdogan

Alors qu'un texte vient d'être publié par le gouvernement pour condamner la tentative du coup d'état, un rassemblement a réclamé dimanche plus de démocratie. Erdogan ignore quant à lui les critiques européennes

24 juil. 2016, 22:38
Un rassemblement pro-démocratie a eu lieu sur la place Taksim à Istanbul.

"Ni coup d'Etat, ni diktat!": des milliers de Turcs se sont réunis dimanche en début de soirée sur la place Taksim à Istanbul pour dire leur rejet des putschistes du 15 juillet. Ils ont aussi exprimé leur inquiétude devant la riposte du pouvoir après le coup d'Etat manqué.

C'est le principal parti d'opposition, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate et laïc) qui avait appelé à ce rassemblement. S'y était rallié le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan (AKP), dont les partisans descendent par dizaines de milliers dans les rues chaque soir.

 

Mais dans la mer de drapeaux rouges turcs agités place Taksim, dominaient les portraits de Mustapha Kemal, Atatürk, le père de la République et la figure tutélaire des militants du CHP. Fait inhabituel, les chaînes de télévision progouvernementales ont retransmis en direct un discours du chef du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

"Ce jour est un jour d'unité, un jour où nous nous levons contre les coups d'Etat et les régimes dictatoriaux, un jour où nous faisons entendre la voix du peuple", a déclaré le dirigeant d'opposition. "Nous sommes tous ensemble aujourd'hui à Taksim. Ce jour est un jour où nous écrivons l'Histoire tous ensemble."

Appel à la réconciliation nationale

Le chef de file du CHP a publié une "déclaration de Taksim" condamnant la tentative de coup d'Etat et appelant à la réconciliation nationale. Il a également souhaité que l'Etat ne soit pas "gouverné par la colère et la vengeance (...) Les auteurs du putsch devront être jugés selon la loi", a-t-il dit.

Au-delà du rejet des putschistes, de nombreux Turcs exprimaient leur inquiétude après l'instauration de l'état d'urgence, ainsi que leur opposition au président Erdogan: "Le pouvoir au peuple !", "La Turquie est laïque et le restera !"

Blindés et canons à eau

C'est la première fois que pouvoir et opposition en appellent ensemble au peuple depuis le putsch raté. L'événement s'est déroulé sous la surveillance des forces de l'ordre. Des blindés légers et des canons à eau avaient pris position près de la place Taksim, que survolait un hélicoptère.

Ce rassemblement intervient huit jours après la tentative de coup d'Etat qui a fait 270 morts. Elle a déclenché des purges massives dans l'armée, la justice, l'enseignement et les médias par un pouvoir turc totalement pris par surprise.

Erdogan balaie les critiques

Samedi, M. Erdogan a balayé les critiques de l'Union européenne. Ce que disent les responsables européens "ne m'intéresse pas et je ne les écoute pas", a-t-il lancé.

Il a averti que la riposte ne faiblirait pas contre les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis. Ce dernier est accusé par Ankara d'avoir ourdi le coup d'Etat. La Turquie doit encore demander formellement son extradition à Washington.

Dernières mesures en date, la Turquie - où l'état d'urgence a été instauré jeudi pour la première fois en 15 ans - a porté de quatre à 30 jours la durée des gardes à vue et a dissous plus de 2000 institutions. Plus de 13'000 personnes ont été placées en garde à vue et 5800 sont en détention.

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