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Japon: deux ministres visitent un sanctuaire controversé et fâchent la Chine

Les commémorations du 68e anniversaire de la capitulation du Japon en 1945 a été marquée jeudi par la visite de deux ministres japonais d'un sanctuaire considéré comme le symbole du passé militariste du pays.

15 août 2013, 07:43
Le Japon commémore jeudi le 68e anniversaire de sa capitulation.

Pékin a "condamné fermement" la visite jeudi de deux ministres nippons au sanctuaire Yasukuni à Tokyo, a indiqué dans un communiqué le ministère chinois des Affaires étrangères. Ce lieu est considéré par les voisins du Japon comme le symbole de son passé militariste.

Yasukuni honore la mémoire des Japonais morts au combat lors de la Seconde Guerre mondiale, y compris des officiers jugés coupables de crimes de guerre par un tribunal allié.

Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures et des communications du gouvernement de droite de Shinzo Abe, a prié dans ce lieu de culte shintoïste, 68 ans après la défaite japonaise à la Seconde guerre mondiale.

Un autre ministre, Keiji Furuya, président de la commission nationale de sécurité publique, l'a suivi quelques minutes plus tard. "La consolation des âmes des victimes de guerre est une affaire purement nationale. Les autres pays ne doivent pas critiquer ou faire interférence", a-t-il déclaré.

Quelque 90 parlementaires se sont aussi inclinés devant l'autel du sanctuaire, d'après un décompte de l'AFP.

Premier ministre absent

Protégé par des centaines de policiers, le lieu de culte a vu défiler par ailleurs de nombreux Japonais "ordinaires", descendants de soldats tués pendant la Seconde guerre mondiale. Postés à l'intérieur, des militants d'extrême droite arboraient des drapeaux appelant la population à rendre hommage.

Le Premier ministre Abe ne s'est pour sa part pas rendu au Yasukuni pour ne pas envenimer davantage les relations avec ses voisins, particulièrement la Chine. Mais il a fait déposer une branche d'un arbre sacré par un de ses collaborateurs. M. Abe "offre ses sincères condoléances aux âmes de nos ancêtres et s'excuse de ne pas venir au sanctuaire", a déclaré cet assistant à l'agence Jiji.

Rompant avec la tradition, le chef du gouvernement nippon n'a en outre exprimé aucun regret pour les exactions commises par le Japon à l'égard des populations voisines d'Asie pendant la Seconde guerre mondiale, au cours d'une cérémonie à Tokyo en présence de l'empereur Akihito. M. Abe s'est contenté de rendre hommage aux victimes du conflit et d'appeler à la paix.

La Chine "profondément heurtée"

Suite à cela, le gouvernement chinois a convoqué l'ambassadeur du Japon en Chine pour lui faire part de la protestation officielle de la Chine après cette visite au jour anniversaire de la capitulation du Japon en 1945, a précisé le ministère.

La visite des deux ministres "heurte profondément" les sentiments de la population de la Chine et celles d'autres pays de la région, a-t-il ajouté.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a par ailleurs appelé Tokyo à se pencher "de façon sérieuse sur son passé" et à "agir de façon concrète afin de regagner la confiance de la communauté internationale, faute de quoi les relations entre le Japon et ses pays voisins n'ont pas d'avenir".

Le Premier ministre japonais, le conservateur Shinzo Abe, n'a exprimé jeudi aucun regret envers l'Asie pour les souffrances infligées par le Japon pendant la Seconde guerre mondiale, lors d'un discours pour le 68e anniversaire de la capitulation nippone.

"La droitisation du Japon devient un nouveau facteur déstabilisateur dans la région Asie-Pacifique", a de son côté estimé dans un commentaire l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

Quatorze criminels de guerre

Situé au coeur de Tokyo, le sanctuaire Yasukuni rend hommage aux quelque 2,5 millions de soldats tombés pour le Japon lors des guerres modernes. Sa réputation sulfureuse vient de l'ajout, en 1978, des noms de quatorze criminels de guerre, condamnés par les Alliés après le deuxième conflit mondial.

Parmi ceux-ci figure celui du général Hideki Tojo, premier ministre du Japon lors de l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, qui précipita l'entrée en guerre des Etats-Unis.

Depuis son retour au pouvoir en décembre après un premier passage raté à la primature (2006-2007), M. Abe a fait augmenter le budget militaire du Japon et a prévenu qu'il voulait amender la constitution pacifiste imposée au pays par l'occupant américain après la capitulation nippone de 1945. Ces déclarations suscitent des craintes dans la région.

Atrocités

Les relations du Japon avec ses voisins restent marquées par le souvenir des atrocités commises par les troupes impériales pendant la colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945) et lors de l'occupation partielle de la Chine (1931-1945).

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