Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Karadzic devant le tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie: "Je suis un homme doux"

Radovan Karadzic a affirmé devant les juges du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avoir fait tout son possible pour "éviter la guerre".

16 oct. 2012, 18:29
L'ancien leader des Serbes de Bosnie est jugé devant le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Radovan Karadzic a affirmé mardi, au premier jour de la présentation de sa défense devant le TPIY à La Haye, qu'il devrait être récompensé pour ses actions en faveur de la paix. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie est poursuivi entre autres pour génocide.

Chevelure grise en bataille et le front barré d'une mèche indomptable, Radovan Karadzic a commencé mardi à présenter ses arguments d'un air détendu en lisant un discours devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Il assure lui-même sa défense.

"Au lieu d'être accusé, je devrais être récompensé pour toutes les bonnes choses que j'ai accomplies. J'ai fait tout ce qui est humainement possible pour éviter la guerre. Je suis parvenu à atténuer les souffrances de toutes les populations civiles", a-t-il déclaré à la cour.

"J'ai proclamé unilatéralement de nombreux cessez-le-feu et des ordres de cantonnement. Et j'ai arrêté à de nombreuses reprises notre armée quand elle était proche de la victoire", a-t-il ajouté.

"Mensonges" et "propagande"

"Personne n'a pensé qu'il y aurait un génocide en Bosnie", a-t-il précisé. Il a encore affirmé être un homme "doux, tolérant, avec une grande capacité à comprendre les autres", sous les regards incrédules de mères de victimes et de survivants présents.

Comme au début de son procès, Radovan Karadzic a assuré que les atrocités, dont étaient accusés les Serbes et lui-même, étaient "des mensonges, de la propagande et des rumeurs".

Radovan Karadzic, 67 ans, est poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995, au cours de laquelle 100'000 personnes sont décédées.

Il doit aussi répondre de son rôle dans le siège de Sarajevo, de 1992 à 1995, et dans le massacre de 8000 musulmans de Bosnie en 1995 à Srebrenica, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

300 témoins

Selon l'acte d'accusation, il a tenté de "chasser à jamais les musulmans et Croates de Bosnie des territoires revendiqués par les Serbes de Bosnie". Pour se défendre, M. Karadzic dispose de 300 heures allouées par les juges, un temps identique à celui qui avait été donné à l'accusation. Il compte appeler 300 témoins.

Considéré comme l'un des trois principaux responsables du "nettoyage ethnique" mis en oeuvre dans les Balkans dans les années 1990, Radovan Karadzic a échappé pendant treize ans à la justice internationale. Ce psychiatre de formation s'est caché sous l'apparence d'une sorte de gourou prodiguant une médecine alternative sous le nom de Dragan Dabic, jusqu'à son arrestation en juillet 2008 à Belgrade.

Son procès s'est ouvert en octobre 2009. La présentation des éléments à charge a eu lieu entre avril 2010 et mai 2012.

Indignation des victimes

Des membres de l'association des "Mères de Srebrenica", ainsi que des survivants des camps de concentration installés à proximité de Prijedor, ville du nord-ouest de la Bosnie, étaient présents mardi à La Haye. Ils ont jeté à Radovan Karadzic des regards incrédules pendant sa déclaration, parfois accueillie par des cris d'indignation.

Alors que Radovan Karadzic commençait à présenter sa défense, le TPIY a ouvert mardi le procès de son dernier suspect encore en vie: Goran Hadzic, 54 ans. L'ancien responsable des Serbes de Croatie pendant la guerre de Croatie (1991-1995) est le 161e criminel de guerre présumé à avoir été livré à la justice internationale.

Arrêté en 2011, il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour meurtres, actes de torture et déportation forcée de "la majorité des Croates et autres non-Serbes" après la déclaration d'indépendance de la Croatie en 1991.

Quant à l'alter ego militaire de M. Karadzic, Ratko Mladic, 70 ans, il comparaît également devant le TPIY pour avoir, selon l'accusation, tué, violé, torturé et détenu des milliers de musulmans et Croates dans plusieurs municipalités de Bosnie et pour le massacre de Srebrenica.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias