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L'Afrique du Sud est sous le choc après le massacre de 34 grévistes

La police sud-africaine a abattu 34 grévistes à la mine de platine de Marikana. C'est le pire massacre survenu dans une opération de police depuis la chute de l'apartheid en 1994.

18 août 2012, 08:11
La police a ouvert les feux sur les grévistes, qu'elle qualifie d'"agressifs."

L'Afrique du Sud était sous le choc vendredi, au lendemain de la mort de 34 grévistes à la mine de platine de Marikana. Le président Jacob Zuma a annoncé la création d'une commission d'enquête, après le pire massacre jamais survenu dans une opération policière depuis la chute de l'apartheid en 1994.

Le chef d'Etat avait quitté subitement vendredi matin un sommet régional au Mozambique pour se rendre sur les lieux du drame. "Nous devons faire éclater la vérité sur ce qui s'est passé ici, c'est pourquoi j'ai décidé d'instaurer une commission d'enquête pour découvrir les causes réelles de cet incident", a-t-il déclaré dans une allocution retransmise en direct à la télévision.

La cheffe de la police nationale Riah Phiyega avait plaidé un peu plus tôt la légitime défense. "Le groupe des grévistes a chargé en direction de la police, tirant des coups de feu et brandissant des armes dangereuses. Les policiers se sont repliés et ont été forcés d'utiliser la force pour protéger leur vie", a-t-elle expliqué, avant d'annoncer un bilan de 34 morts, 78 blessés et 259 arrestations.

Pour justifier son action, la police a montré des vidéos où l'on voit les forces de l'ordre tenter de disperser les mineurs en négociant avec eux puis en utilisant différents moyens, dont des gaz lacrymogènes, des canons à eau, des grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc.

Armes et véhicules blindés

Des images tournées par Reuters TV montrent des membres des forces de l'ordre, blancs et noirs, tirant à l'arme automatique sur un petit groupe d'hommes vêtus de T-shirts et de couvertures.

D'autres images, tournées avant l'affrontement, montrent les grévistes brandissant des machettes et des lances.

Des policiers lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés étaient en train d'installer des barrages de fils barbelés jeudi quand ils ont été débordés par quelque 3000 employés de la mine de platine de Marikana, située à 100 km au nord-est de Johannesburg et exploitée par la société Lonmin.

Vendredi, les lieux du massacre étaient bouclés par des véhicules blindés de la police, survolés par des hélicoptères. La police scientifique ratissait le terrain à la recherche d'indices.

Poursuite du mouvement de grève

Dans la soirée, la direction de Lonmin a annoncé qu'elle allait ouvrir une cellule d'aide à l'hôpital pour aider les familles à identifier les morts, et mettre en place un soutien psychologique.

Près de 2000 hommes se sont également rassemblés non loin du lotissement, affirmant qu'ils continueront la grève tant que leurs revendications ne seront pas entendues.

Tous les médias du pays ont consacré leur une ou leur antenne au "massacre de Marikana".

Résumant un sentiment général, le grand quotidien "The Times" notait que les images qui ont fait le tour du monde "semblaient appartenir à une Afrique du Sud du passé, lorsque les confrontations entre la police et les civils étaient monnaie courante (...) Mais ces images n'étaient pas des images de l'apartheid".

Causes du drame

Les commentateurs, vendredi, recherchaient les causes de ce drame dans plusieurs directions. Les uns notaient des responsabilités partagées: entre la police d'une part, mal formée et mal équipée pour faire face à la situation, et les grévistes d'autre part, qui ont fait de la violence un moyen ordinaire d'appuyer leurs revendications.

D'autres pointaient du doigt la condition misérable des mineurs et l'accumulation de leurs frustrations, exacerbées par la surenchère de certains syndicats. Les mineurs de Marikana gagnent environ 4000 rands (480 francs) par mois, et réclamaient jusqu'à 12'500 rands (1500 francs).

Les milieux économiques s'inquiétaient pour leur part de l'impact négatif de ces incidents, notamment auprès des investisseurs étrangers. "Ca pose clairement question sur l'environnement économique dans le pays", notait Iraj Abedian, PDG du groupe Pan African Investments, résumant un avis général.

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