Son équipe a planché dès ce lundi matin pour préparer les premières décisions et la composition du nouveau gouvernement.
Au lendemain d'une victoire fêtée à la Bastille par des dizaines de milliers de personnes, le deuxième président socialiste de l'histoire de la Ve République et son équipe étaient déjà tournés vers les législatives et sur la formation du premier gouvernement de gauche en 10 ans.
Dès sa prise de fonctions, et contrairement à 1981 où le socialiste François Mitterrand avait accédé à la fonction suprême, le nouveau chef de l'Etat n'aura pas «d'état de grâce» car la situation de la France est «beaucoup plus difficile du point de vue économique», a prévenu le député PS Michel Sapin, qui pourrait retrouver le ministère de l'économie.
Le nouveau chef de l'Etat va devoir se pencher sur le choix de son premier ministre, qui mènera la bataille des législatives. Le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, un fidèle, tenait la corde ces derniers jours. André Vallini est pressenti pour la justice, le directeur de communication de la campagne, Manuel Valls, ou le maire de Dijon François Rebsamen, pour l'intérieur, et le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, pour la défense.
L'ex-premier ministre Laurent Fabius est en lice pour les affaires étrangères, le député Vincent Peillon pour l'éducation et Jérôme Cahuzac pour Bercy et le budget. Le nom de Marisol Touraine revient pour les affaires sociales.
Les options restent cependant d'autant plus ouvertes que le vainqueur a promis une parité hommes-femmes au gouvernement et pourrait faire une place aux alliés écologistes et de la gauche radicale.
Logique républicaine
Après un entre deux tours très tendu, la logique républicaine suivait son cours lundi: acceptant l'invitation de Nicolas Sarkozy, François Hollande assistera aux côtés du président sortant aux cérémonies du 8 mai à Paris, célébrant la fin de la seconde guerre mondiale.
La passation de pouvoir a été fixée au mardi 15 mai, d'un commun accord. Mais le nouveau président était présent sur toutes les Unes des journaux lundi matin.
La gauche a loué la victoire de l'»espoir» qui, selon «Libération», «fait renaître 1981», dont les images «semblaient condamnées aux livres d'histoire». Dans la nuit, à la Bastille en liesse, François Hollande a remercié «le peuple de France» auquel il a promis de «réparer» «des années de blessure».
Réactions à l'étranger
Cette victoire a été saluée en France comme à l'étranger comme un cap vers le «changement» et la relance de l'économie, même si, de l'avis général des médias, «le plus dur commence».
Les dirigeants étrangers ont immédiatement tourné la page Sarkozy. La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président américain, Barack Obama, ont invité le président élu. François Hollande a d'ailleurs reçu lundi les ambassadeurs américain et chinois à Paris. Berne va envoyer un message officiel de félicitations au nouveau chef d'Etat, ont indiqué les services de Didier Burkhalter.
Prochain cap: les législatives
Dimanche soir, François Hollande a exhorté ses partisans à lui «donner une majorité» lors des législatives des 10 et 17 juin.
L'UMP veut en revanche croire à un rééquilibrage institutionnel, alors que la gauche pourrait concentrer tous les pouvoirs, et s'efforçait lundi de maintenir son unité.
Dimanche, 31 ans après le succès historique de François Mitterrand, M. Hollande, 57 ans, a obtenu 51,62% des suffrages exprimés, selon la totalisation finale du ministère de l'Intérieur. En 1981, M. Mitterrand l'avait emporté avec un score légèrement supérieur (51,76%).
Plus de 18 millions de suffrages se sont portés sur le candidat PS, soit un écart de 1,1 million de voix avec Nicolas Sarkozy (48,38%). Quelque 2,1 millions d'électeurs ont voté blanc ou nul. L'abstention est de 19,66%, contre 20,52% le 22 avril et 16,03% au second tour de 2007.