En Ethiopie, les manifestations spontanées et violemment réprimées de ces derniers temps mettent en lumière l’exaspération d’une partie de la population, dans un contexte de tensions ethniques et sociales. Elles révèlent aussi l’usure d’un pouvoir autoritaire en place depuis 1991, après avoir chassé le dictateur Mengistu.
Quelles sont les origines de la crise?
Elle a débuté en novembre 2015, dans la région oromo, au sud d’Addis-Abeba. Au départ, les Oromos entendaient protester contre un projet d’extension de la capitale qui, à leurs yeux, les spolie de leurs terres, déjà souvent vendues à de grandes entreprises privées. «La question agraire est centrale dans cette crise», souligne Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique au Centre de recherches internationales, à Paris. Le mouvement s’est vite étendu et les revendications sont devenues nettement plus politiques, réclamant plus de libertés et la libération des prisonniers politiques. L’annulation du plan d’agrandissement de la capitale,...