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L'ex-majordome du pape devant ses juges

Le procès public inédit qui voit l'ex-majordome du pape accusé de "vol aggravé" de documents confidentiels s'ouvre ce samedi au Vatican. Jamais il n'avait été possible de suivre un procès de l'État pontifical. Seuls huit journalistes peuvent accéder à la salle d'audience.

29 sept. 2012, 18:30
Le procès dit de "Vatileaks" s'ouvre ce samedi à Rome.

Le secrétaire particulier de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, sera appelé à la barre des témoins lors du retentissant procès du majordome du pape, qui s'est ouvert samedi au Vatican. La seconde audience, qui sera consacrée à l'audition de l'accusé, est prévue mardi.

Elegant dans un costume gris clair, cravate grise et chemise blanche, Paolo Gabriele, 46 ans, l'ancien majordome du pape, est apparu impassible. Pâle, les yeux baissés, l'accusé que le pape appelait parfois affectueusement "Paoletto", n'a retrouvé un léger sourire que lorsqu'il s'adressait à son avocate, Christiana Arru.

Fait inédit dans l'histoire de l'Etat pontifical connu pour sa culture du secret, ce procès était ouvert à la presse. Mais la publicité des débats a été très encadrée. Au total, seuls huit journalistes ont été admis dans la petite salle du tribunal logée dans un petit bâtiment situé derrière la basilique Saint-Pierre. Seul le Saint-Siège était autorisé à transmettre des images.

Cette première audience a été qualifiée de "sereine" par le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Les deux heures et demi qu'elle a duré ont été consacrées essentiellement aux requêtes d'exception ou de nullité des avocats.

Second procès

Mgr Gänswein, 56 ans, considéré par certains comme l'éminence grise du pape, était le seul témoin cité nommément à de nombreuses reprises dans la sentence de renvoi. Supérieur direct du majordome, c'est lui qui, alerté par la gendarmerie vaticane, l'avait confondu en mai.

Parmi les autres témoins dans cette affaire, dont les magistrats ont dressé la liste samedi, figurent huit membres de la gendarmerie vaticane, et une femme italienne attachée au service du pape.

Les juges, trois magistrats laïcs, ont accepté à la demande d'un des avocats, de séparer le procès du majordome de celui de l'informaticien Claudio Sciarpelletti, poursuivi pour complicité. Ce deuxième procès est reporté à une date ultérieure non précisée.

La cour s'appuiera uniquement sur les résultats d'une enquête menée par un procureur du Vatican et par la police du Saint-Siège pour forger son jugement. Le président du tribunal a estimé que la commission d'enquête composée de trois cardinaux avait été mise en place par le pape et que ses conclusions lui étaient réservées.

Plus de 80 cartons

La somme des documents saisis dans les appartements du majordome, au Vatican et à Castel Gandolfo, la résidence du pape, remplit pas moins de 82 cartons contenant des éléments de preuves. Un chèque de 100'000 euros à l'ordre de Benoît XVI, une pépite d'or et un livre du XVIe siècle ont été retrouvés à son domicile au cours d'une perquisition. M. Gabriele a assuré qu'il avait l'intention de rendre ces objets.

Le président du tribunal, Giuseppe Dalla Torre, a fixé la prochaine audience à mardi. Elle sera consacrée à l'audition du majordome.

Fidèle serviteur de Benoît XVI, ce dernier est accusé d'avoir subtilisé et photocopié des dizaines de documents confidentiels du pape et de ses collaborateurs pour les transmettre au journaliste Gianluigi Nuzzi. Ce dernier les a utilisés dans un livre, "Sua santità" ("Sa Sainteté"), révélant rivalités et animosités, surtout à l'encontre du numéro 2 du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone.

Corruption

L'ancien majordome a reconnu les faits. Lors de ses interrogatoires, il a expliqué qu'il avait agi pour révéler le "mal et la corruption" au sein du Vatican. Se pensant mandaté par "l'Esprit saint", il trouvait que le pape Benoît XVI n'était pas suffisamment informé et voulait remettre l'Eglise "sur les rails".

Arrêté le 23 mai, Paolo Gabriele a passé 53 jours dans une cellule de la gendarmerie du Vatican, avant d'être placé fin juillet aux arrêts domiciliaires. Il risque jusqu'à quatre ans de prison, mais pourrait bénéficier d'une grâce papale, assez vraisemblable, même si, selon son entourage, le pape a été "blessé" par sa trahison.

Dans une interview, accordée à la télévision en février, M. Gabriele avait affirmé qu'une vingtaine de personnes "dans les différents organismes" du Vatican étaient également impliquées dans le dossier "Vatileaks".

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