L'Union monétaire va néanmoins devoir faire davantage pour renouer avec la croissance tout en poursuivant la chasse aux déficits excessifs, qui touchent aussi bien Paris que Madrid.
«Une reprise est en vue, mais la situation économique reste fragile», a estimé le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, en présentant vendredi ses prévisions économiques de printemps.
La zone euro devrait enregistrer un produit intérieur brut (PIB) en baisse de 0,3% en 2012 et en hausse de 1% en 2013, tandis que l'Union européenne devrait afficher une croissance de 1,3% l'an prochain, après une stagnation cette année.
Mais les disparités sont importantes entre Etats membres: l'Allemagne devrait afficher une croissance de 1,7% et la France de 1,3%. L'Espagne devrait être le seul pays européen en récession en 2013 (avec un PIB en baisse de 0,3%) et la Grèce devrait, elle, sortir de la récession mais voir son activité stagner.
«Si nous n'engageons pas résolument de nouvelles actions, la croissance pourrait rester faible», a mis en garde M. Rehn au moment où les Européens cherchent désespérément comment renouer avec la croissance. Ce thème sera d'ailleurs au menu d'un dîner de dirigeants européens le 23 mai à Bruxelles.
Selon le commissaire européen, «des finances publiques saines constituent une condition indispensable pour une croissance durable et nous devons profiter du nouveau cadre renforcé de gouvernance économique pour stimuler l'ajustement en accélérant les politiques de nature à promouvoir la stabilité et la croissance».
Dérapages
Un appel justifié par le fait que plusieurs pays européens pourraient connaître de sérieux dérapages budgétaires l'an prochain, selon la Commission. Parmi eux, l'Espagne, la France et les Pays-Bas.
Le déficit budgétaire espagnol va atteindre 6,4% du PIB cette année, loin de l'objectif de 5,3% que s'est fixé le gouvernement, et 6,3% en 2013. Madrid a jusqu'ici promis de ramener son déficit à 3% du PIB.
Ces prévisions vont mettre un peu plus la pression sur le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy espagnol, qui a déjà obtenu de la souplesse de ses partenaires européens concernant ses objectifs de réduction budgétaire.
«Le message est limpide», estime Martin Van Vliet de la banque ING. «L'Espagne va devoir imposer bien plus de rigueur, en particulier en 2013, afin d'espérer atteindre ses objectifs de déficit. Cela semble toutefois très difficile, cela va sans dire, au vu des réactions de la population et du niveau du chômage.»
«La Commission a totalement confiance dans la détermination du gouvernement espagnol pour atteindre ces objectifs», a réagi Olli Rehn.
Ecart français
La France devrait elle aussi connaître un sort similaire, avec dérapage de son déficit public l'an prochain, à 4,2% contre un objectif de 3% affiché par le nouveau président François Hollande.
Un écart attribué «surtout au fait que cette prévision est basée sur un scénario de politique inchangé», selon M. Rehn. Résultat: «Nous attendons que les autorités française spécifient les mesures envisagées pour 2013», a-t-il dit.
De leur côté, les Pays-Bas devraient afficher un déficit de 4,4% en 2012 et de 4,6% en 2013, à politique inchangée. La Haye vient toutefois de présenter une ébauche de budget qui vise à ramener en 2013 le déficit public sous les 3% du PIB, via une augmentation de la TVA, une réduction du budget alloué aux soins de santé et un gel des salaires de certains fonctionnaires.