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L'Islande dit non à l'Union européenne

L'Islande eurosceptique enterre sa candidature à l'Union européenne. "Les intérêts de l'Islande sont mieux servis en dehors de l'Union européenne", a justifié le ministère des Affaires étrangères sur son site Internet. Le problème épineux des quotas de pêche en est une raison.

13 mars 2015, 06:59
Laisser Bruxelles décider du quota de pêche islandais paraît impensable sur l'île.

L'Islande a annoncé jeudi avoir retiré sa candidature à l'Union européenne (UE). La décision survient deux ans après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement eurosceptique de centre droit qui promettait de mettre un terme au processus lancé en 2009.

Le ministre des Affaires étrangères, Gunnar Bragi Sveinsson, a indiqué dans un communiqué avoir fait part de cette décision à la Lettonie, qui assure la présidence de l'UE entre janvier et juin. La Commission européenne a été avertie également.

"Les intérêts de l'Islande sont mieux servis en dehors de l'Union européenne", a justifié le ministère des Affaires étrangères sur son site Internet. Le Premier ministre Sigmundur David Gunlaugsson a rappelé qu'"aucun des partis" au pouvoir n'a envie de poursuivre le travail nécessaire avant de rejoindre les 28 Etats membres de l'UE.

Partisan de l'adhésion, le chef de file de l'opposition sociale-démocrate, Arni Pall Arnasson, a déploré un passage en force de l'exécutif.

Il avait fallu des circonstances particulières pour que Reykjavik dépose sa candidature en 2009. D'une part, l'arrivée au pouvoir du premier gouvernement de gauche de l'histoire du pays, ensuite une grave crise financière, et enfin la chute de la valeur de la couronne qui avait suscité l'envie d'adopter l'euro.

Quotas de pêche

Les sociaux-démocrates islandais n'ont jamais réussi à expliquer à l'opinion comment ils allaient combler le fossé entre Bruxelles et Reykjavik sur les quotas de pêche. Ce sujet épineux n'aura même pas été abordé lors des négociations entre juin 2011 et janvier 2013.

Nombreux avantages

"Le gouvernement n'a pas l'intention d'organiser un referendum", a précisé le ministère des Affaires étrangères. Et mieux, "si le processus doit être repris à l'avenir, le gouvernement actuel considère important de ne pas progresser sans en référer préalablement à la Nation".

Même si une majorité des électeurs aurait souhaité un referendum, il semble difficile d'imaginer ce qui pourrait les amener à voter "oui" un jour. Car le pays bénéficie déjà de nombreux avantages grâce à ses liens avec l'UE, sans souffrir des inconvénients.

L'atout du tourisme

L'Islande est ainsi membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE). Elle applique la convention de Schengen qui permet la libre circulation des personnes. Cela permet au pays d'exporter ses produits de la mer vers le continent sans barrière tarifaire, alors même qu'il est engagé dans une "guerre du maquereau" avec l'UE.

Depuis que l'Islande a relevé son quota de pêche en 2010, au motif que le réchauffement climatique aurait fait migrer l'espèce vers le nord, le conflit n'a pas pu être résolu malgré une multitude de réunions. Laisser Bruxelles décider du quota de pêche islandais paraît impensable sur l'île.

L'espace Schengen stimule une autre industrie importante pour le pays: le tourisme. Celui-ci est crucial pour les entrées de devises.

Rembourser les emprunts

Plus de six ans après l'effondrement d'un secteur financier hypertrophié qui avait plongé l'île dans la récession, la principale préoccupation d'une majorité d'Islandais n'est pas l'UE. Ils se soucient bien davantage des emprunts contractés durant les années de "boom" économique et qu'ils ont du mal à rembourser.

"Le PIB par tête reste plus bas qu'en 2008, et même si nous ne manquons pas d'emplois, nous manquons de boulots qui paient bien. Surtout pour les jeunes diplômés", analyse Asgeir Jonsson, professeur d'économie à l'Université d'Islande.

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