La Corée du Nord a confirmé lundi le limogeage de l'influent Jang Song-Thaek, oncle et éminence grise du numéro un Kim Jong-Un. Le régime l'accuse d'être un factieux corrompu, un homme à femmes et un toxicomane.
Photos diffusées
Signe supplémentaire de la disgrâce de Jang Song-Thaek, la télévision étatique - la seule existante en Corée du Nord - a expurgé un documentaire sur le jeune dirigeant des séquences où figurait son oncle. Et toute information sur Jang, sa femme ou ses deux conseillers ont été retirées du site internet de l'agence KCNA.
La télévision d'Etat a également diffusé deux photos de Jang Song-Thaek, où on le voit extirpé de son siège par deux hommes en uniforme, lors de ce qui semble être une assemblée politique, sous les regards de marbre de hauts dignitaires. Il est extrêmement rare en Corée du Nord de rendre publiques des images montrant l'humiliation de très hauts dirigeants.
Selon l'agence de presse KCNA, l'un des principaux canaux de la propagande du régime communiste, Jang a été démis pour avoir commis "des actes criminels" et dirigé "une faction contre-révolutionnaire". Le renseignement sud-coréen avait déjà annoncé la semaine dernière la mise à l'écart de ce dignitaire, ainsi que l'exécution de deux de ses proches conseillers.
Près de deux ans après l'accession au pouvoir du jeune Kim Jong-Un, âgé d'une trentaine d'années, cette purge au sommet devrait lui permettre de resserrer les rangs autour de lui face à la Corée du Sud et aux Occidentaux.
"Jong-Un a construit un socle solide pour son pouvoir ces deux dernières années et il n'a plus besoin d'un régent qui paraissait de plus en plus puissant et menaçant", a déclaré Paik Hak-Soon, expert à l'Institut Sejong.
Jang entretenait des "relations inappropriées" avec les femmes et était devenu "affecté par le mode de vie capitaliste", poursuit le communiqué. "Malade idéologiquement, extrêmement oisif et nonchalant, il consommait des drogues et gaspillait des devises étrangères dans les casinos alors qu'il était soigné à l'étranger aux frais du parti", a détaillé KCNA.
Jang était vice-président de la Commission de défense nationale, considéré comme l'organe de décision le plus puissant du pays.
Plusieurs rumeurs
Des rumeurs avaient déjà évoqué sa disgrâce en 2009, 2010 et 2011. En 2004, il avait été contraint à une longue "rééducation" dans une aciérie sous l'accusation de corruption, avant de revenir sur le devant de la scène l'année suivante. Il avait considérablement étendu son influence après l'attaque cérébrale de Kim Jong-Il en 2008, puis à sa mort trois ans plus tard.