Le texte, adopté par les quinze membres du Conseil, demande au président syrien Bachar al-Assad et à l'opposition syrienne de «travailler de bonne foi» avec M. Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe. Il exige aussi «d'appliquer totalement et immédiatement» le plan de règlement en six points mis sur la table par M. Annan lors de ses entretiens à Damas.
Si ce plan n'est pas mis en oeuvre, le Conseil prévoit de passer éventuellement à des «étapes ultérieures», qui ne sont pas précisées. Initialement, le texte prévoyait que le Conseil «envisage des mesures supplémentaires» si le plan de M. Annan n'était pas appliqué.
Le choix d'une nouvelle formule, plus vague et moins menaçante, a permis de contourner les réserves de la Russie. Fidel allié de Damas, Moscou refusait que la déclaration prenne «la forme d'un ultimatum» au régime syrien.
Cette «déclaration présidentielle» a moins de poids qu'une résolution mais se révèle généralement plus facile à négocier. Un tel texte est adopté par consensus, sans possibilité de veto. Moscou et Pékin avaient mis leur veto à deux résolutions du Conseil condamnant la répression en Syrie, en octobre 2011 et en février dernier.
«Profonds regrets» du Conseil
Le texte mentionne parmi les propositions de M. Annan «la cessation de toutes formes de violence armée par toutes les parties sous supervision de l'ONU», la «fourniture d'aide humanitaire à toutes les zones affectées par les combats» et «la libération des personnes détenues arbitrairement».
La déclaration précise que Damas «devrait dans un premier temps cesser tout mouvement de troupes vers les centres de population» et s'abstenir d'utiliser des «armes lourdes» dans et autour de ces localités.
Sans dénoncer explicitement les exactions du régime de Damas, le Conseil «exprime sa forte inquiétude devant la détérioration de la situation en Syrie». Il évoque aussi «ses profonds regrets devant les milliers de morts» qu'a causés cette crise depuis un an.
Pression de l'opinion publique
De son côté, le sénateur américain John McCain a estimé mercredi au cours d'un entretien accordé à l'AFP que l'opinion publique mondiale, réveillée par les «atrocités» en Syrie, allait faire davantage «pression» en faveur d'une intervention militaire internationale.
«Je pense qu'il y aura de plus en plus de pression sur les dirigeants en Europe et aux Etats-Unis pour agir, collectivement», a- t-il estimé. Mais selon lui, «chaque jour ces images sont publiées (...) les atrocités travaillent à réveiller l'opinion publique».
Près de 9000 personnes auraient péri dans les violences en Syrie, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La révolte contre le président Bachar al-Assad dure depuis plus d'une année.
Combats entre rebelles et soldats
Sur le terrain, les opérations de l'armée syrienne et des combats entre soldats et rebelles armés, dont des déserteurs, ont entraîné mercredi la mort de 23 personnes en Syrie, dont 15 civils, selon l'OSDH.
Des bombardements de l'armée et des opérations sécuritaires auraient également causé la mort de 14 personnes, dont 10 civils, dans la province de Homs, ancien fief des rebelles, dans le centre du pays, toujours selon l'OSDH. L'organisation a aussi évoqué des affrontements violents à Alep.
Dans l'après-midi, les affrontements ont aussi repris entre soldats de l'armée régulière et déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) à Harasta, à 10 km de Damas, ont rapporté les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain.
Le Japon a annoncé avoir fermé son ambassade en raison de «l'aggravation des conditions de sécurité en Syrie, y compris dans la capitale». Par ailleurs, un groupe islamiste, le Front al-Nusra, a revendiqué dans un communiqué mis sur internet les attentats ayant fait 27 morts samedi à Damas, disant avoir agi «en riposte à la poursuite du pilonnage» par le régime de plusieurs villes rebelles.