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L'opposition évacue la mairie de Kiev après une médiation suisse

L'opposition ukrainienne a obtenu dimanche l'entrée en vigueur dès lundi de la loi d'amnistie pour les manifestants poursuivis, après avoir évacué dans la matinée la mairie de Kiev. Ce lieu symbolique de la contestation contre le président Viktor Ianoukovitch a été restitué après une médiation suisse.

16 févr. 2014, 21:50
- photo. d'illustration -

«La loi entre en vigueur à partir du 17 février 2014 et prévoit l'abandon des poursuites contre les personnes ayant commis des délits entre le 27 décembre et le 2 février», a annoncé le parquet dans un communiqué.

Cette décision est intervenue après l'évacuation de la mairie de Kiev et d'autres bâtiments publics en province, qui était un préalable à l'application de cette loi.

«Je suis satisfait: malgré une décision difficile, nous avons réussi à faire fi des émotions et faire en sorte que cette loi entre en vigueur», s'est félicité un député du parti nationaliste Svoboda, Rouslan Andriïko, qui était chargé de gérer la mairie pour les opposants.

Après l'évacuation de ce lieu devenu le «QG de la révolution», l'opposition avait sommé le pouvoir d'abandonner «immédiatement» les poursuites contre les manifestants hostiles au président Viktor Ianoukovitch, évoquant même un «ultimatum».

Evacuation saluée par Burkhalter

Prise d'assaut le 1er décembre, la mairie a été évacuée en bon ordre dans la matinée. Mais en milieu d'après-midi, plusieurs centaines de manifestants s'étaient à nouveau rassemblés devant le bâtiment. Les policiers antiémeute se sont de leur côté retirés de ce qui est devenu l'un des points chauds de la capitale.

La mairie était un lieu très symbolique de la contestation, tout comme la place centrale de Kiev occupée depuis la volte-face pro-russe de M. Ianoukovitch, fin novembre, au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne.

Le président de la Confédération Didier Burkhalter, également président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a salué l'évacuation de la mairie. La Suisse s'est félicitée aussi de la libération de plusieurs opposants par le pouvoir en place.

L'évacuation de la mairie a eu lieu en deux temps, a expliqué à l'ats l'ambassadeur suisse à Kiev Christian Schoenenberger. Dans un premier temps, un groupe d'observateurs internationaux, sous l'égide de la Suisse, a repris symboliquement le bâtiment. L'ambassadeur est entré le premier dans ce site. Le bâtiment évacué a ensuite été transmis dans une seconde phase à la municipalité de Kiev.

Plus de 200 manifestants

L'évacuation d'ici lundi de la mairie était une condition clé pour l'application de la loi d'amnistie à l'égard de 234 manifestants, qui ont été libérés par les autorités ukrainiennes. Mais ils sont toujours inculpés de crimes passibles de peines allant jusqu'à quinze ans de prison.

La cheffe de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a appelé dimanche le gouvernement ukrainien à abandonner toutes les accusations en cours contre les manifestants de l'opposition.

Le ministère de l'Intérieur a reconnu dans un communiqué que les opposants avaient évacué la mairie de Kiev et les administrations régionales de Lviv, de Ternopil, d'Ivano-Frankivsk (ouest) et de Poltava (est).

«Le pouvoir va continuer à répondre à toutes les exigences de la loi d'amnistie», a-t-il souligné.

Mal vécue par les manifestants

Le bâtiment, où avaient été installés une cantine et un hôpital de fortune, hébergeait jusqu'à 700 manifestants, qui y dormaient et s'y réchauffaient. Les manifestants disposent toujours de plusieurs bâtiments, notamment la Maison des syndicats, dont les autorités n'ont pas exigé l'évacuation.

Mais l'annonce de l'abandon de la mairie a été mal vécue par les dizaines de milliers de personnes réunies dimanche à Kiev pour la onzième fois depuis le début, il y a près de trois mois, du mouvement de contestation. La participation était inférieure aux 70'000 personnes rassemblées le 9 février.

Réunion attendue

Les négociations avec le pouvoir sont au point mort. Elles portent sur la réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement, ou encore sur la nomination d'un nouveau Premier ministre. Le chef de l'Etat pourrait présenter mardi un candidat au poste de Premier ministre lors d'une session parlementaire.

L'opposition a appelé à manifester mardi matin devant le Parlement à l'occasion de la reprise de ses travaux dans le cadre d'une «offensive pacifique».

Deux dirigeants de l'opposition vont rencontrer lundi à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel. Ils vont demander à l'UE une aide financière pour l'Ukraine et l'établissement d'un régime sans visa pour les Ukrainiens en Europe.

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