Pyongyang en fait trop, mais le risque existe. La Corée du Nord est incapable de mettre à exécution la plupart de ses récentes menaces contre la Corée du Sud et les Etats-Unis, a estimé jeudi à Vienne Siegfried Hecker, expert nucléaire américain. Pyongyang "aboie, mais ne mord pas", affirme ce spécialiste.
Ce dernier a visité dans le passé à plusieurs reprises des installations nucléaires nord-coréennes, notamment en 2010. Les Nord-Coréens "ne peuvent pas mettre à exécution la plupart de leurs menaces", a-t-il expliqué, s'exprimant à l'occasion d'une visite au Centre pour le désarmement et la non-prolifération (CVDNP) dans la capitale autrichienne.
Il a relativisé la portée de l'annonce de la Corée du Nord sur sa volonté de faire redémarrer son réacteur nucléaire de la centrale de Yongbyon. Celle-ci a été fermée en 2007 dans le cadre d'un accord international soutenu par les Etats-Unis.
La Corée du Nord ne dispose "pas de beaucoup" de plutonium, entre 24 et 42 kilogrammes, mais de suffisamment pour quatre à huit ogives nucléaires.
"Situation sérieuse"
"Un rapide calcul de base fait apparaître que vous pouvez produire environ 40 kilogrammes d'uranium hautement enrichi par an, ce qui correspond à une ou deux bombes", a précisé le spécialiste. La Corée du Nord a laissé entendre qu'elle pourrait reprendre l'enrichissement d'uranium à des fins militaires.
Pyongyang ne devrait pas pouvoir être en possession d'une arme nucléaire pour atteindre les Etats-Unis avant "au minimum cinq ans", a estimé Siegfried Hecker. "Mais c'est quand même inquiétant. La situation est sérieuse", a-t-il expliqué, précisant que la Corée du Nord pourrait réaliser un autre essai nucléaire "dans les prochaines semaines, voire mois".