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La fédéralisation de l'Est ukrainien seule solution selon Moscou

La Russie ne voit que la fédéralisation de l'Est pour résoudre la crise ukrainienne tandis que l'occident plaide pour une décentralisation du pouvoir.

31 mars 2014, 07:25
Le ministre russe des Affaires étrangères n'envisage que le chemin du rapprochement avec son pays.

"Fédéralisation" pour Moscou, "décentralisation" pour les Occidentaux: l'idée d'une autonomie renforcée pour les régions russophones de l'Est de l'Ukraine fait son chemin, au grand dam du nouveau pouvoir pro-européen qui y voit une manoeuvre de déstabilisation.

"Franchement, nous ne voyons pas d'autre chemin à suivre que la fédéralisation pour l'Etat ukrainien", a déclaré samedi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

"Peut-être que quelqu'un de mieux informé peut trouver une formule magique dans le cadre d'un Etat uni, quand l'Ouest, l'Est et le Sud célèbrent des fêtes différentes, honorent des héros différents, ont des économies complètement différentes, pensent différemment et gravitent culturellement autour de cultures européennes différentes", a-t-il poursuivi.

Kharkiv, Donetsk, Lougansk, Odessa: depuis un mois, ces grandes villes russophones sont agitées par des manifestations séparatistes réunissant tous les week-ends des milliers de personnes. Avec des soldats russes massés, selon Kiev et Washington, de l'autre côté de la frontière, les autorités ukrainiennes craignent une invasion et la répétition du scénario qui a permis en trois semaines la perte de la Crimée.

Face au risque de nouvelle escalade, l'idée d'un geste en direction des russophones est séduisante pour les Occidentaux, parfois accusés d'avoir joué avec le feu en favorisant l'arrivée au pouvoir de nationalistes de l'Ouest.

"Décentralisation"

Certains pays, dont la France, se sont dit favorables à une "décentralisation", terme repris à son compte par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) après une récente mission dans l'Est. "Nos interlocuteurs et les autorités se sont plaints de ne pas être entendus des autorités centrales", a rapporté Tim Guldimann, émissaire de l'organisation.

Les régions orientales, dominées par l'industrie lourde, la métallurgie et les mines, ont souvent l'impression de porter l'économie du pays à bout de bras, face à l'Ouest rural. Elles craignent aussi que leurs entreprises, aux forts liens commerciaux avec la Russie, ne deviennent les premières victimes d'une orientation pro-européenne.

Les nouvelles autorités ont aussi mis de l'huile sur le feu avec des projets maladroits, rapidement abandonnés, comme le retour à l'ukrainien comme seule langue officielle utilisée par les administrations et l'instauration de visa pour les Russes, au risque de déclencher une "guerre des visas" entre les deux pays et de menacer les liens familiaux ou économiques.

"L'Etat doit écouter les gens et décentraliser", confirme à l'AFP Anatoli Blyzniouk, député et ancien gouverneur de la région de Donetsk. Mais pour Kiev, l'objectif de Moscou est clair: "Une capitulation totale de l'Ukraine, sa partition et sa destruction", a tempêté le ministère des Affaires étrangères.

Autonomie

Pour Vadym Karassiov, directeur de l'institut de stratégie internationale à Kiev, une fédéralisation impliquant des régions dotées d'une large autonomie est tout aussi inacceptable pour les candidats pour l'élection présidentielle du 25 mai, issus de la contestation pro-européenne, actuellement favoris.

"Etant donné la géographie de l'Ukraine, une fédéralisation mènerait à une situation où les régions de l'Ouest se trouveraient sous tutelle occidentale et celles de l'Est sous tutelle russe. Cela signifierait une forme déguisée de partition du pays", explique l'expert. En revanche, "une certaine autonomie locale, une décentralisation du pouvoir ou encore une réforme administrative peuvent trouver un important soutien dans population", poursuit-il.

L'ouverture de Moscou intervient aussi à un moment où les manifestations séparatistes peinent à trouver un second souffle après les coups d'éclat de début mars avec des occupations d'administrations publiques à Donetsk ou Lougansk.

"Bien sûr, il y a des gens qui veulent un rattachement à la Russie, mais les sondages ont tous prouvé qu'il s'agissait d'une minorité", observe Olexiï Garan, de l'université de Kiev Mohyla.

Contrairement à la péninsule, dont la majorité des habitants est d'origine russe, la population est beaucoup plus multiculturelle dans le Sud-Est.

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