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La légalisation du cannabis suscite un large débat en Amérique latine

Un projet du gouvernement uruguayen prévoit de légaliser le commerce du cannabis. La polémique enfle sur le continent sud-américain.

22 juin 2012, 11:06
Le projet du gouvernement uruguayen de légaliser le commerce du cannabis provoque la polémique sur le continent sud-américain.

Le projet du gouvernement uruguayen de légaliser le commerce du cannabis provoque la polémique sur le continent sud-américain. L'Uruguay est pionnier en Amérique latine où la guerre frontale lancée il y a une quarantaine d'années contre la drogue a fait des dizaines de milliers de morts.

Mercredi, les autorités uruguayennes ont fait part de leur intention de soumettre au Parlement une loi prévoyant notamment la production et la distribution du cannabis "sous contrôle exclusif" de l'Etat. Le but est de tenter de détourner les consommateurs de la pâte-base de cocaïne, drogue bon marché aux effets dévastateurs.

La première réaction est parvenue du Guatemala, où le président Otto Perez, un général de droite à la retraite récemment entré en fonctions, avait proposé en début d'année de légaliser les drogues pour lutter contre la violence qui ravage l'Amérique centrale. Il s'était vu alors opposer un refus catégorique des Etats-Unis.

La proposition uruguayenne découle de "50 ans d'échec du combat contre le narcotrafic", a jugé le porte-parole du président Perez, Francisco Cuevas. "Les pays doivent chercher de nouvelles voies pour combattre le narcotrafic d'une façon plus efficace et réduire la violence que provoquent les organisations criminelles", a-t-il répété.

"Dans le respect de la décision de chaque pays, l'Amérique latine doit chercher ces nouvelles voies", a ajouté M. Cuevas, dont le pays, avec le Mexique et le Honduras, voit transiter 90% de la drogue consommée aux Etats-Unis.

Décision "unilatérale"

Le président colombien, Juan Manuel Santos, a lui critiqué une décision "unilatérale" et appelé à "une approche commune". "Si un pays légalise et un autre pays maintient une interdiction totale, cela génère des distorsions qui souvent aboutissent à aggraver le problème", estimé le président du principal pays exportateur de cocaïne au monde.

Le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Tareck El Aissami, s'est également montré circonspect, évoquant "un piège", avant de suggérer d'investir plutôt sur la prévention. "Ca ressemble à une mesure défensive et non préventive", a-t-il déclaré.

Du Brésil, où il assiste au sommet Rio+20, le président uruguayen Jose Mujica a défendu jeudi sa proposition en estimant que "quelqu'un doit commencer en Amérique du Sud". "Quelqu'un doit être le premier, parce que nous sommes en train de perdre la bataille contre les drogues et la criminalité sur le continent", a indiqué M. Mujica au journal "O Globo".

"Nous devons chercher un autre chemin" que la prohibition et la lutte frontale, impulsées notamment par les Etats-Unis, qui financent une part importante de la lutte antidrogue dans la région, a poursuivi M. Mujica. "L'Uruguay est un petit pays, où les choses peuvent se faire plus facilement", selon lui.

Une autre politique

A l'été 2011, un groupe d'étude composé notamment d'intellectuels, de spécialistes et d'anciens présidents sud-américains (Fernando Henrique Cardoso, Brésil, César Gaviria, Colombie, et Ernesto Zedillo, Mexique), avait publié un rapport indiquant que "la lutte mondiale contre les drogues a échoué". Ce groupe a suggéré de "mettre fin à la criminalisation" des consommateurs.

Lors du sommet de l'Organisation des Etats américains (OEA) à la mi-avril en Colombie, les 33 pays membres avaient pour la première fois accepter d'engager une réflexion sur les mesures alternatives à mettre en place pour lutter contre le narcotrafic.

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