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La presse cubaine doit faire face au défi de la désoviétisation

L'Union des journalistes de Cuba demande a ses membres de réfléchir au journalisme révolutionnaire dont a besoin le socialisme cubain face aux changements de la société.

27 sept. 2012, 07:00
Les journaux, radios, magazines qui composent le paysage médiatique cubain, reproduisent souvent les mêmes informations, avec pour référence le quotidien du comité central du PCC, Granma.

La presse cubaine, entièrement sous contrôle de l'Etat, est appelée à la "réflexion" avant son prochain congrès, en juillet 2013, dans la perspective d'une ouverture qui s'apparente à une véritable désoviétisation.

La très officielle Union des journalistes de Cuba (Upec) a appelé ses membres à réfléchir au "journalisme révolutionnaire dont a besoin le socialisme cubain d'aujourd'hui à partir des grands changements qui se produisent dans notre société", avant son 9e congrès l'an prochain.

Dénoncée par les dissidents, critiquée par le président cubain Raul Castro lui-même et méprisée par la population pour la vacuité de ses informations et son divorce d'avec la réalité quotidienne, la presse cubaine est condamnée au changement.

Le parti communiste lui-même a exigé en janvier que "les médias informent de manière opportune, objective, systématique et transparente des problèmes, des difficultés, des insuffisances et des adversités que nous affrontons". "Qu'ils abandonnent le vide informationnel et le culte du secret", a demandé le PCC lors d'une convention exceptionnelle.

Deux quotidiens et un hebdomadaire nationaux, 10 quotidiens provinciaux, deux agences de presse, cinq chaînes TV, une dizaine de revues mensuelles et une cinquantaine de radios nationales ou locales composent le paysage médiatique cubain, qui reproduit souvent les mêmes informations, avec pour référence le quotidien du comité central du PCC, Granma.

Problème structurel

Et ce en l'absence criante d'un accès populaire à un internet international dont l'usage est officiellement réservé à certaines catégories professionnelles.

"Les journalistes ne sont pas responsables de la situation", affirme Jorge Gomez Barata, un ancien haut responsable du Département idéologique du PCC, aujourd'hui éditorialiste pour divers médias.

"Le problème est structurel, pas fonctionnel", ajoute-t-il sur le blog www.cubano1erplano.com. Avant 1975, le régime de Fidel Castro "ne cherchait pas à contrôler la presse" mais, ensuite, "on a importé l'expérience soviétique", explique Jorge Gomez Barata.

"C'est alors que la direction centralisée et la bureaucratie qui s'appliquaient à l'économie se sont imposées dans les espaces idéologiques, culturels et politiques, et en particulier dans la presse", ajoute-t-il.

Vingt ans après la chute de l'empire soviétique, "ne circule aucune idée rénovatrice, ni aucune initiative qui viserait à conjurer les carences", regrette le journaliste en suggérant que les journaux puissent "nommer leur dirigeants, se libérer des contraintes administratives, se déconnecter des organes de pouvoir et cesser d'être des médias officiels".

Sentiment d'insatisfaction

Journaliste et agent de la sécurité de l'Etat, Manuel David Orrio a récemment dénoncé "un sentiment général d'insatisfaction populaire en ce qui concerne l'accès aux courants d'information".

Lui qui avait infiltré au début des années 2000 les cercles de journalistes "indépendants" au point d'en prendre la direction, Manuel David Orrio réclame aujourd'hui (www.cubano1erplano.com) une nouvelle loi de la presse pour "définir clairement les droits et devoirs de toutes les personnes impliquées" dans le processus médiatique.

Sur son blog www.estebanmoralesdominguez.blogspot.com, l'universitaire Esteban Morales appelle l'Upec à "prendre le taureau par les cornes" pour transformer la presse en "un instrument efficace pour la critique, le perfectionnement du modèle économique et le changement de mentalité".

"Si nous ne le faisons pas, nous resterons une troupe démobilisée, minée par la méfiance, le dogmatisme et l'élitisme de ceux qui s'affichent comme les défenseurs 'purs' de la Révolution", prévient l'universitaire cubain qui avait été brièvement exclu des instances du PCC en 2011.


 
 

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