Le premier journal de la Péninsule, «Corriere della Sera», a parlé d'un «vote choc» et d'un parlement «sans majorité». Le centre gauche l'a emporté de justesse à la Chambre des députés devant la droite de Berlusconi, mais il est très loin (avec 113 sièges) de la majorité absolue (158 sièges) au Sénat.
Dans un éditorial, ce journal de centre droit souligne que le succès du Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo, qui s'est adjugé un quart des suffrages et est à l'origine de tous ces chamboulements, correspond à «la victoire d'une Italie eurosceptique face à la politique de rigueur économique».
«Le flop de Monti»
«La Repubblica» parle aussi d'»Italie ingouvernable» en évoquant «la forte remontée de Berlusconi» donné pour «cuit» après son départ du gouvernement en novembre 2011, et «le flop de Monti», qui s'était lancé en politique fin décembre à la tête d'un ambitieux mouvement de «nouveau centre». «Dans les ruines subsistent un parlement difficilement gouvernable et un électorat hautement inflammable», estime le journal dans son éditorial.
L'éditorialiste souligne «l'arrière-goût amer d'une victoire quasi symbolique de la gauche qui l'emporte grâce à une poignée de voix et n'est pas autosuffisante au Sénat, même avec l'inutile béquille de Monti».
Pour «La Repubblica», «ce sont les populismes qui ont prévalu: les forces qui ont misé sur la rage sociale qui s'est défoulée sur l'Europe et les impôts, la demande de rupture institutionnelle qui s'en est pris à la vieille 'classe politique' ou la nouvelle élite technocratique».
«Courage, sacrifice et sagesse»
«La Stampa» qui évoque «un parlement bloqué», titre son éditorial sur «le devoir de choix courageux». «L'Italie réelle a exprimé tout son malaise. Avec ce vote, on entend les voix et histoires de ceux qui ne trouvent pas de travail, ne bouclent pas les fins de mois avec leur retraite, pensent ne pas avoir d'avenir et s'enfuient à l'étranger, et de ceux qui ont vu les nouveaux impôts comme une insupportable vexation», estime le directeur Mauro Calabresi.
Pour lui, «il y a eu de la part du gouvernement et des partis une sous-évaluation de l'impact social des politiques d'austérité». Maintenant «pour recoller les morceaux, il faudrait du courage, un esprit de sacrifice et de sagesse», a-t-il prôné.
Pour Mauro Calabresi, «il est possible et il faudra trouver des convergences entre les partis traditionnels et les nouveaux parlementaires Cinq Etoiles (mouvement de Grillo, ndlr). Ils doivent être traités comme une ressource, pas comme des ennemis».