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La Turquie accuse la Syrie d'avoir abattu un de ses avions

La Turquie a accusé dimanche la Syrie d'avoir abattu un de ses avions de combat dans l'espace aérien international et non dans l'espace syrien, comme l'affirme Damas. Ankara a demandé une réunion urgente avec ses alliés de l'OTAN sur ce grave incident.

24 juin 2012, 14:49
L'appareil disparu est un F-4 avec deux pilotes à bord.

«D'après nos conclusions, notre avion a été abattu dans l'espace aérien international, à 13 milles nautiques de la Syrie», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sur la chaîne de télévision publique TRT. Le ministre a insisté sur le fait que le F-4 Phantom volait seul, vendredi, et n'avait «aucune mission, y compris de collecte d'informations, au-dessus de la Syrie». M. Davutoglu a cependant reconnu que l'appareil, qui effectuait sans armes une mission d'entraînement et de test d'un système radar en Méditerranée, était entré un moment dans l'espace syrien mais qu'il a été détruit 15 minutes après cette violation involontaire. «L'appareil est ensuite tombé dans les eaux syriennes», a-t-il dit, ajoutant qu'aucun avertissement n'était venu de la Syrie avant le déclenchement des frappes. Damas avait confirmé avoir abattu l'avion de chasse vendredi soir, affirmant qu'il avait pénétré dans son espace aérien.


«Avec retenue mais détermination»


L'OTAN a annoncé dimanche qu'une réunion du Conseil de l'Atlantique nord se tiendra mardi à Bruxelles, comme l'a demandé la Turquie. «Nous prévoyons que la Turquie fera une présentation sur cet incident récent» devant les ambassadeurs des 27 autres pays membres de l'Alliance atlantique, a indiqué la porte-parole de  l'OTAN Oana Lungescu. Mme Lungescu a dit que la Turquie avait invoqué «l'article 4 du traité» fondateur de l'Alliance atlantique. Celui-ci prévoit que tout pays membre de l'OTAN peut porter une question à l'attention du Conseil et en débattre avec les alliés lorsqu'il estime que son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité sont menacées. M. Davutoglu a cependant insisté sur le fait que la Turquie  tenait à conserver son sang froid, soulignant que l'option militaire n'était pas d'actualité pour riposter. «La Turquie agira avec retenue mais détermination», a-t-il insisté, mettant cependant en garde la Syrie: «Personne ne peut se permettre de mettre à l'épreuve les capacités (militaires) de la Turquie.»


Peu d'espoir


Le gouvernement turc a mis au point un «plan d'action» consistant essentiellement à mener des démarches diplomatiques auprès de ses alliés de l'OTAN et de l'ONU, a fait savoir le ministre turc. Samedi, M. Davutoglu avait eu des entretiens téléphoniques avec ses homologues d'une dizaine de pays, dont les Etats-Unis et des grandes puissances, a-t-on précisé de source turque. Dimanche, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié l'incident d'«éhonté» et «inacceptable» et a promis de  travailler avec Ankara sur une réaction appropriée. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, ont eux fait part de leur «profonde préoccupation». Des équipes des garde-côtes turcs et syriens poursuivaient dimanche des recherches pour sauver les deux pilotes de l'appareil, mais l'espoir de les retrouver vivants semblait faible. Le ministère turc des Affaires étrangères a indiqué que seul le positionnement géographique de l'avion était établi, et qu'il se  trouvait à environ 1'300 mètres de profondeur, réagissant à une information de la chaîne CNN-Türk selon laquelle l'appareil avait été retrouvé.


Près de 190 morts en un week-end


Cet incident risque d'exacerber les tensions entre la Turquie et la Syrie, pays alliés jusqu'au début du mouvement de contestation contre le régime de Damas, en mars 2011. Depuis, Ankara a vivement dénoncé la répression sanglante du soulèvement, se joignant aux appels au départ du président syrien. La Turquie accueille 32'500 réfugiés syriens, l'opposition politique syrienne et le chef des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL).


Sur le terrain, après 116 morts samedi, la répression et les combats ont fait au moins 72 victimes dimanche, dont 27 soldats de l'armée régulière. Seize d'entre eux sont morts à l'aube dans des combats contre des rebelles dans la province d'Alep (nord-ouest).

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