La Russie a dépêché mardi à Ankara une délégation pour enquêter sur l'assassinat la veille de son ambassadeur par un policier turc. Les deux pays ont dénoncé une "provocation" visant à saboter leurs liens.
"Nous ne permettrons absolument pas que nos relations avec la Russie se dégradent", a assuré mardi Recep Tayyip Erdogan. Le président turc a également affirmé avoir convenu avec son homologue russe Vladimir Poutine de poursuivre leur coopération, y compris au sujet de la Syrie.
Proches du tueur en garde à vue
Fait inédit, la Turquie a accepté la participation de 18 enquêteurs, agents des services secrets et diplomates russes aux investigations. La délégation russe a pris part à l'autopsie du corps de l'ambassadeur à Ankara, selon les médias turcs. "Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur", a déclaré Vladimir Poutine.
Six proches du tireur, dont ses parents et sa soeur, ont été placés en garde à vue mardi à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie, a rapporté l'agence de presse Dogan.
Plusieurs journaux turcs ont affirmé mardi que le tireur pourrait être lié au prédicateur Fethullah Gülen, qui est accusé d'être l'instigateur du putsch manqué en juillet. L'intéressé, qui vit en exil aux Etats-Unis, a démenti toute implication. Dans un communiqué il s'est dit "choqué et profondément attristé" par l'assassinat.
Un avion russe a décollé en début de soirée d'Ankara à destination de la Russie avec, à son bord, la dépouille de l'ambassadeur, après une cérémonie d'hommage à laquelle ont assisté notamment la veuve du diplomate ainsi que leur fils.
Il a crié "Allah Akbar"
L'ambassadeur russe Andreï Karlov a été tué de plusieurs balles dans le dos alors qu'il prononçait un discours dans une galerie d'art d'Ankara. Le tireur, qui criait "Allah Akbar" et "N'oubliez pas Alep", a été "neutralisé" par les forces spéciales. Il s'agit d'un policier de 22 ans qui n'était pas en service, selon les autorités.
Cet assassinat est survenu après plusieurs jours de manifestations devant les représentations diplomatiques russes, à Ankara et Istanbul, contre le soutien de Moscou au régime de Damas. Il a eu lieu en plein réchauffement entre la Russie et la Turquie.
Opposés sur le conflit syrien, les deux pays ont parrainé une trêve ayant permis de lancer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles.