Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le bras de fer se poursuit entre les manifestants et le pouvoir à Kiev

Des centaines de milliers de manifestants ont pris le contrôle de la mairie de Kiev dimanche, demandant le départ du président ukrainien Viktor Ianoukovitch.

02 déc. 2013, 07:00
kiev_2

Des centaines de milliers de manifestants sont descendus dimanche dans les rues de Kiev pour réclamer le départ du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Ils ont pris le contrôle de la mairie de la capitale ukrainienne, alors que des incidents ont fait une centaine de blessés près du siège du gouvernement.

Au lendemain de la dispersion par la police d'un rassemblement de l'opposition sur la place de l'Indépendance, quelque 350'000 manifestants pro-européens, selon l'agence Reuters, sont revenus dimanche sur cette place pour dénoncer le refus du chef de l'Etat de signer un accord d'association avec l'Union européenne.

"J'appelle tout le monde à rester aujourd'hui sur la place" de l'Indépendance, a lancé dimanche soir Vitali Klitschko, un des leaders de l'opposition. "Nous devons mobiliser tout le pays, ne pas perdre l'initiative", a-t-il ajouté.

Plusieurs milliers de manifestants demeuraient sur la Place de l'Indépendance dimanche soir. Ils étaient aussi des milliers devant les locaux de la mairie, qui est actuellement aux mains des manifestants.

Plus tôt dans la journée, l'opposant nationaliste Oleg Tiagnibok avait annoncé que l'opposition occuperait la place jusqu'au départ du pouvoir actuel. "A partir d'aujourd'hui commence la grève générale. La révolution a commencé en Ukraine!", a-t-il lancé.

Les protestataires ont commencé à installer des tentes sur la place. Ils ont annoncé leur volonté d'y monter jusqu'à 3000 tentes. "Cela sera impossible à déplacer", a dit Igor Loutsenko, un des organisateurs du campement.

Affrontements

Non loin de là, des affrontements dans le quartier gouvernemental ont fait une centaine de blessés parmi les policiers, a indiqué une porte-parole de la police. Ils sont notamment survenus devant le siège de l'administration présidentielle, gardé par les forces spéciales, et que plusieurs centaines de jeunes gens masqués ou cagoulés ont tenté de prendre d'assaut.

Les forces spéciales ont utilisé à plusieurs reprises des grenades assourdissantes et des gaz contre ces assaillants qui avaient amené un bulldozer, apparemment pour forcer l'entrée du bâtiment. Des journalistes ont également été blessés lors de ces incidents.

Les chefs de l'opposition ont nié tout lien avec ces incidents et dénoncé une "provocation". "L'opposition n'a aucun lien avec ce qui s'est passé devant l'administration présidentielle", a ainsi déclaré Arseni Iatseniouk, un proche de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. "Nous savons que le président veut proclamer l'état d'urgence dans le pays", a ajouté cet ancien ministre de l'Economie.

Condamnations

Selon des sources gouvernementales citées par l'agence russe Itar-Tass, l'état d'urgence pourrait être décrété lundi, alors que Kiev doit accueillir jeudi et vendredi le conseil des ministres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les autorités ont déjà interdit samedi, jusqu'au 7 janvier, toute manifestation près des bâtiments gouvernementaux, notamment sur la place de l'Indépendance.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont condamné la violence des autorités ukrainiennes contre l'opposition. La Suisse a elle aussi appelé les autorités de Kiev à respecter le droit à manifester pacifiquement.

L'Ukraine, présidente en titre de l'OSCE, et la Suisse, qui doit lui succéder l'an prochain, "portent une responsabilité particulière pour la promotion de la démocratie et de l'état de droit" au sein de cet espace, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Ianoukovitch à Moscou

De son côté, le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko a prévenu que la police prendrait les mesures nécessaires en cas de troubles à l'ordre public. "La police ne peut pas se permettre de ne pas réagir. Voulons-nous suivre la voie de la Libye ou de la Tunisie ?", a-t-il dit.

M. Ianoukovitch a pour sa part promis de faire "tout ce qui est en (son) pouvoir pour accélérer le processus de rapprochement de l'Ukraine et de l'UE", mais sur une base d'égalité. Il a fait savoir dans le même temps qu'il se rendrait à Moscou après sa visite programmée en Chine cette semaine, pour y signer une "feuille de route de coopération".

Des manifestations contre le régime ont par ailleurs eu lieu dans d'autres villes d'Ukraine. Près de 50'000 personnes se sont ainsi rassemblées à Lviv et environ 10'000 à Ivano-Frankivsk, deux villes de l'ouest du pays. Dans l'est, bastion traditionnel des partisans de M. Ianoukovitch, aucune manifestation de soutien au président n'a été recensée. Au contraire, quelque 250 personnes se sont rassemblées à Donetsk pour exiger le renversement du régime.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias