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Le contre-espionnage accusé d'être un "instrument" de Sarkozy

Le ministre de l'Intérieur affirme en réponse que la police "n'écoute pas de personnalités politiques".

19 janv. 2012, 18:06
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Un livre publié jeudi, qui accuse le contre-espionnage français d'être un "instrument politique" au service de Nicolas Sarkozy, provoque une polémique en France.

Dans "L'espion du président", les journalistes Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé dressent un portrait au vitriol de Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), créé à l'initiative de Nicolas Sarkozy.

A partir de témoignages le plus souvent anonymes, les auteurs accusent Bernard Squarcini, un proche du président, d'être au "service de l'Elysée" et "instrumentalisé" par Nicolas Sarkozy. Ils affirment que la DCRI, un super service de renseignement intérieur créé en 2008 par la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et des Renseignements généraux (RG), a été "dévoyée" de ses missions.

Le patron de la DCRI porte plainte

Mercredi soir, Bernard Squarcini a contesté ces accusations auprès de l'AFP, affirmant n'être "l'espion de personne". Jeudi, son avocat a annoncé qu'il allait porter plainte en diffamation contre les auteurs du livre et contre le site d'informations Mediapart et son fondateur le journaliste Edwy Plenel.

Celui-ci a publié jeudi un article estimant que le livre "L'espion du président" montre avec minutie comment la DCRI est devenue, "sous la direction de ce policier (Bernard Squarcini) totalement dévoué à Nicolas Sarkozy et sous couvert d'un secret défense favorisant une totale opacité, l'exécutante des missions de basse police du pouvoir politique, et plus précisément de la présidence de la République".

Mediapart évoque également le témoignage de l'ancien patron des Renseignements généraux, Joël Bouchité, décrivant dans l'ouvrage les "moyens parfaitement illégaux" utilisés pour surveiller les rédactions sous le règne de Bernard Squarcini pour contrer des révélations du site d'information.

Dénégations ministérielles

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, dont la DCRI relève, est aussi monté au créneau. "Je démens que la DCRI soit un instrument politique au service du pouvoir", a-t-il déclaré jeudi sur la radio France Inter. Il a ajouté qu'il était "absolument faux" de dire que la DCRI espionnait des hommes politiques. "La DCRI n'écoute pas de personnalités politiques", a-t-il affirmé.

Le ministre a nié l'existence d'un groupe spécial qui poserait des micros ou s'introduirait dans les systèmes informatiques hors de tout cadre légal, comme l'affirment les auteurs du livre.

Lors de la création de la DCRI, les autorités avaient affiché leur volonté de rompre avec les "barbouzeries", accusation parfois portée contre les RG. Surnommés "les grandes oreilles" du gouvernement, ils faisaient l'objet de critiques récurrentes et d'accusations d'être une "police politique".

Mais la DCRI a déjà été à plusieurs reprises sous le feu des critiques. M. Squarcini lui-même a été mis en examen (inculpé) en octobre 2011 dans une affaire d'espionnage illégal des relevés téléphoniques d'un journaliste du quotidien "Le Monde".

Surnommé "le squale"

Fils de policier, petit-fils de berger corse, Bernard Squarcini, surnommé "le squale", a travaillé à la DST comme aux RG, où il était reconnu comme un spécialiste du terrorisme, qu'il soit basque, islamiste ou corse. Forte de 4000 fonctionnaires dont 3000 policiers dits "actifs", la DCRI traite en principe des affaires de terrorisme, des grands mouvements de contestation et d'intelligence économique.

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