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Le géant pétrolier Shell est accusé de complicité dans des exécutions au Nigeria

Selon Amnesty International, la multinationale néerlandaise aurait participé à des violations des droits humains dans les années 90 dans le cadre d'une campagne menée par l'armée nigériane contre le mouvement social Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP). Shell a démenti et rejeté les accusations.

28 juin 2017, 18:48
/ Màj. le 29 juin 2017 à 06:30
Un premier procès avait été intenté à Shell par Mme Kiobel en 2002 à New York.

Le géant pétrolier néerlandais Shell est accusé de complicité dans l’arrestation, la détention et l’exécution illégales de neuf hommes dans les années 90 au Nigeria, a révélé Amnesty International jeudi. La multinationale devra répondre de quatre de ces exécutions devant la justice des Pays-Bas.

Esther Kiobel, veuve de Barinem Kiobel, et trois autres femmes se sont portées parties civiles contre Shell. M. Kiobel a été pendu en 1995, au côté du défenseur des droits humains Ken Saro-Wiwa et de sept autres hommes. À l’époque, ces exécutions des membres de la communauté Ogoni du sud du pays avaient déclenché un tollé au sein de la communauté internationale.

 

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"Shell a fui ses responsabilités dans cette affaire pendant plus de 20 ans, mais désormais (...) l’entreprise est enfin rattrapée par son passé", déclare Danièle Gosteli, chargée du domaine Économie et droits humains à la Section suisse d’Amnesty International (AI) dans un communiqué de l'ONG.

Shell "doit répondre de ses actes"

"Shell a marqué tout le pays ogoni d’une empreinte sanglante et doit répondre de ses actes", ajoute-t-elle. Les exécutions ont été le point culminant d’une campagne brutale menée par l’armée nigériane en vue d’étouffer les protestations du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP), dirigé par Ken Saro-Wiwa.

Le MOSOP luttait contre les dommages causés à l'environnement par Shell dans la région. En janvier 1993, il a déclaré que l’entreprise Shell n’était plus la bienvenue en pays ogoni. Le régime militaire nigérian a violemment réprimé les manifestations qui ont suivi. En 1995, Ken Saro-Wiwa et huit de ses collègues ont été condamnés à mort et exécutés.

 

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Shell a rejeté les accusations et dément avoir collaboré avec les autorités militaires nigérianes, selon une réponse de l'entreprise citée dans le communiqué d'AI. Un premier procès avait été intenté à Shell par Mme Kiobel en 2002 à New York. En 2013, la Cour suprême américaine avait toutefois statué que les États-Unis n’étaient pas compétents en l’espèce, sans examiner l’affaire sur le fond.

Multinationales responsables

Le procès aux Pays-Bas représente également un cas intéressant sur la question de la responsabilité des entreprises multinationales pour les violations des droits humains commises à l’étranger.

En 2016, une coalition d’environ 80 ONG suisses a lancé l’initiative pour des multinationales responsables dans le but d’engager les entreprises ayant leur siège en Suisse à mieux respecter les droits humains et l’environnement partout dans le monde. L’initiative veut ancrer dans la Constitution fédérale un devoir de diligence dans ces deux domaines pour les multinationales basées en Suisse.

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