Les yeux rivés à ses fiches, le procureur Alexander Nikiforov annonce son réquisitoire d'une voix presque étouffée. Face à lui, dans leur box en verre blindé, celles dont il ne croise jamais le regard, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Maria Aliokhina, 24 ans, et Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, les Pussy Riot, ces féministes punks qui ont cru faire de la Vierge Marie leur alliée en lui demandant: "Mère de Dieu, soit féministe. Mère de Dieu, chasse Poutine".
Après un bref rappel de l'article 213, alinéa 2 du Code pénal russe, qui définit le hooliganisme, le procureur, en uniforme bleu ciel de fonctionnaire du parquet, s'égare dans l'énumération des manquements aux "règles de comportement dans une église orthodoxe". En revêtant une tenue "inappropriée" , en investissant l'ambon avec leurs guitares, et en se livrant à leur "prière punk" , les accusées "ont ostensiblement manifesté leur haine de la religion et leur hostilité...