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"Le mont Blanc n'est pas à vendre!"

Après l'épisode du concert de Zaz au sommet du Mont Blanc, les communes montent au front et crèvent l'abcès: cette fois, ça suffit de faire du commerce à 4810 mètres. Le débat est tempétueux et en vue de l'inscription du site au patrimoine de l'UNESCO, mieux vaut rapidement trouver des solutions.

03 oct. 2012, 10:35
Mont-Blanc

Cette fois, c’est la guerre ! A Chamonix et Saint-Gervais, les deux communes qui «possèdent» le Mont-Blanc, on n’en peut plus de la commercialisation massive de la montagne. «On ne peut pas prétendre au classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, tant qu’il y aura des choses aussi vulgaires», tempête Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais à nos confrères du Dauphiné Libéré.

Ces «choses vulgaires», ce sont notamment l’héliportage d’Adriana Karembeu au sommet pour le tournage d’une émission de télévision, le rapatriement du milliardaire Branson depuis le versant italien qui n’avait pas réservé suffisamment de places au refuge avec sa princesse anglaise ou récemment le concert tenu par la chanteuse Zaz au sommet. Coup de grâce pour les édiles de la région : l’opération était financée par la marque suisse Mammut alors que les refuges étaient fermés et la commune avertie la veille. «Le flocon de trop sur le Toit de l’Europe», ironise le Dauphiné Libéré. Avant l’avalanche ?

Pas de business en montagne

Non, en Savoie voisine les choses sont claires : pas de business sur la montagne. On ferme cela dit volontiers les yeux lorsque ces opérations médiatiques profitent à des associations. Eric Fournier, maire de Chamonix, n’en démord pas : «On est les garants de la marque mont Blanc. Bien qu’elle soit collective, certains ont plus de nécessité à s’exprimer sur le sujet, comme Chamonix.» Si l’élu est aussi direct, c’est aussi parce que ce dernier coup médiatique intervient après un été particulièrement marqué par des événements dramatiques en montagne. «Le mont Blanc ne mérite pas qu’on vienne après coup, établir sur son sommet des événements de communication», insiste Éric Fournier.

Même écho de l’autre côté du versant, à Saint-Gervais : « le mont Blanc est devenu une façon très facile et gratuite pour communiquer pour des grandes marques. Marques qui ne prennent même pas soin d’habiller ça en disant qu’elles vont faire une bonne action, ou aider les communes à faire passer des messages de protection et de revalorisation de la montagne. Non aujourd’hui on prend le mont Blanc, on l’utilise et on le jette comme un vulgaire mouchoir.»

Le spectre de l’UNESCO

Derrière les critiques il y a surtout l’envie de faire bonne figure. Sésame suprême pour les communes et salut touristique, le classement du site du Mont-Blanc à l’UNESCO leur assurerait un avenir plus blanc que blanc. Sauf que pour se faire, il faut «arrêter de brader l’image du mont Blanc. Elle doit être mise au service des politiques publiques qui défendent les valeurs de la montagne et de l’environnement», toujours selon Eric Fournier.

Dans quelques semaines, le plan de gestion du massif sera présenté. A vocation touristique, il s’agira surtout pour les élus de faire de la marque mont Blanc un symbole de respect de certaines valeurs. Un plan qui devra concerner le sommet mais aussi les voies d’accès et les refuges d’altitude.

Liberté surveillée ?

Somme toute, la montagne n’appartient-elle pas à tout le monde ? Espace privilégié de liberté à qui le souhaite. «Si je veux porter mon piano à queue jusqu’au sommet, ça me regarde», dira peut-être un prochain virtuose adepte de la résonnance à 4810 mètres. Dans les mairies on ne voit pas tout à fait cela du même œil, c’est le moins qu’on puisse dire : «Je vais être vulgaire mais à quand la partouze [au sommet] qu’on retrouvera sur YouTube ?» lâche l’élu de Saint-Gervais. Pour lui, l'argument de la liberté ne tient pas: « Tant que mont blanc sera violé par des actions commerciales ou par des alpinistes qui viendront simplement y laisser leurs déchets, il militera pour que disparaisse cette chape d’hypocrisie.»

Son homologue chamoniard ne voit pas les choses différement. Pour lui, le mont Blanc appartient à la commune et aux gens qui y vivent, ni plus ni moins: « Il n’est pas à vendre et appartient aux communes et aux habitants qui sont à ses pieds.»

Alors qui est dans le vrai?  Entre respect des valeurs de la montagne et intérêts particuliers de chacun, il y a toujours des nuages sur le sommet. D'accord pour la pub et les banderoles à condition qu'elles parlent des communes? Dans ce débat, la cohérence des élus se doit d'être exemplaire sans quoi, le mont ne sera Blanc que par son nom.

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