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Le Nobel de la Paix à l'UE: la presse sceptique

La presse européenne se montre sceptique ce samedi après l'attribution du prix Nobel de la Paix à l'UE. Certains qualifient cette décision de "facile" et "bonne pour le passé mais en danger pour l'avenir."

13 oct. 2012, 09:30
Onze pays européens - dont la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne - se sont dits prêts mardi à instaurer rapidement une taxe sur les transactions financières.

 La presse européenne se montre sceptique après l'attribution du Nobel de la Paix à l'UE. Elle considère qu'il s'agit d'un juste rappel d'une histoire ayant pacifié le continent mais elle doute de sa pertinence car l'UE est "un assemblage d'Etats plus ou moins en faillite".

"Bonne idée, mauvais lauréat", tranche l'influent magazine allemand "Der Spiegel". "Personne ne peut sérieusement reprocher quoi que ce soit à l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne (UE). C'est bien ça le problème, c'est une décision plutôt facile."

L'hebdomadaire ajoute: "Il aurait été plus courageux de distinguer un homme qui incarne ce qui manque aujourd'hui aux politiques européens: Jacques Delors", l'ancien président français de la Commission.

"Possible révolte"

Dans un commentaire titré "60 ans de paix en dépit des crises", le quotidien belge francophone "Le Soir" estime que "les citoyens européens, dont beaucoup ont aujourd'hui des raisons de désespérer, doivent prendre ce prix Nobel comme un rappel de ce que l'Europe a été jusqu'à présent un acteur majeur de progrès et de démocratie".

C'est aussi l'avis du quotidien de centre-droit italien "La Stampa" qui écrit: "Le prix arrive par surprise dans un des moments les plus difficiles du processus de l'intégration continentale, alors que la crise ne cesse de frapper les familles au bord d'une possible révolte sociale (...) C'est une reconnaissance finalement concrète pour un chemin qui a su accorder 67 ans sans conflit au continent".

"Oeuvre commune"

Pour le "Frankfurter Allgemeine Zeitung", le projet européen "n'est pas un projet du passé, mais reste une mission pour l'avenir. Le prix Nobel de la paix devrait redonner aux Européens le courage de continuer à travailler à leur oeuvre commune".

Le quotidien conservateur "Die Welt" a une appréciation similaire. "Le prix Nobel de la paix est une récompense pour un miracle et une incitation à continuer à continuer à croire aux miracles".

"Culot collossal"

Son homologue français "Le Figaro" partage ce point de vue en titrant que la récompense est "un encouragement à l'Europe ébranlée par la crise". Il rappelle que "le comité norvégien a distingué une construction qui a durablement pacifié le continent".

Le quotidien français "Libération" (gauche) assure qu'"il fallait un culot colossal pour décerner le prix Nobel de la paix à l'UE, au moment même où celle-ci n'a jamais autant douté de son destin de puissance, où confrontée à une crise qui la dépasse (...) elle semble s'adonner au déclin".

"Prouesse historique"

Sans surprise, la presse britannique est nettement plus cinglante, à l'exception du "Financial Times" selon qui le prix Nobel "reconnaît à juste titre une prouesse historique".

"Le prix Nobel de la paix à l'idiotie", affirme lui le "Daily Mail" (conservateur) sous une photo de manifestants grecs habillés en nazis lors de la dernière visite à Athènes de la chancelière allemande Angela Merkel.

"The Independant" utilise également une photo d'émeutiers grecs qui accompagne une citation du Comité norvégien: "un projet unique qui a remplacé la guerre par la paix". Le "Times" évoque une récompense "frivole".

Très critique

Le grand quotidien de centre-gauche allemand "Süddeutsche Zeitung", se montre lui aussi très critique, en jugeant: "une récompense pour le passé, un avertissement pour l'avenir".

"L'UE prix Nobel de la paix ? Cet assemblage d'Etats plus ou moins en faillite, divisés et dont le plus grand projet commun, l'union monétaire, est à deux doigts de voler en éclats ? C'est de nouveau un peu fort de la part du comité norvégien, qui devrait faire attention à ce que ses décisions soient encore prises au sérieux à long terme", estime le quotidien.

Le quotidien populaire allemand "Bild" pose lui une question pratique: qui va aller chercher le prix. "Barroso et compagnie l'ont-ils vraiment mérité?", s'interroge le journal.

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