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Le Parlement européen lève l'immunité de Marine Le Pen

Marine Le Pen, présidente du Front National, n'est plus protégée par l'immunité parlementaire et pourra être entendue dans le cadre d'une enquête pour incitation à la haine raciale. En décembre 2010, la fille de Jean-Marie Le Pen avait assimilé les prières des musulmans dans les rues en France à l'Occupation.

02 juil. 2013, 17:29
La présidente du Front National n'est plus protégée par l'immunité parlementaire.

La présidente du Front national Marine Le Pen pourra être poursuivie par la justice française pour ses propos assimilant les prières de rue des musulmans à une "occupation". Le Parlement européen a en effet voté mardi la levée de son immunité.

Les élus européens, réunis en session plénière à Strasbourg, ont approuvé à main levée la fin de l'immunité de Mme Le Pen, eurodéputée depuis 2004.

Cette décision "déshonore le Parlement européen", a commenté l'intéressée. "Je vais maintenant me défendre devant le tribunal et je suis absolument convaincue qu'il me donnera raison et protégera mon droit à dire aux Français la vérité sur la situation, notamment, des prières de rue, mais pas seulement", a ajouté Mme le Pen.

Marine Le Pen avait elle-même anticipé cette décision, en affirmant dès lundi qu'elle ne la craignait pas, qu'elle maintenait ses propos controversés et qu'elle estimait être incriminée pour un "délit d'opinion".

"Contraire à la jurisprudence"

Le Front national a réagi mardi en estimant que cette levée d'immunité était "contraire à toute la jurisprudence de cette assemblée". Elle "traduit la terrible anxiété de la caste face à une responsable politique (...) dont la dynamique électorale fait trembler le pouvoir", a affirmé le parti d'extrême droite.

Au moment du vote, la présidente du FN, installée à sa place dans l'hémicycle aux côtés de son père Jean-Marie et de Bruno Gollnisch, n'a pas pris la parole et n'a manifesté aucune réaction particulière. Seul M. Gollnisch s'est exprimé, s'indignant que Mme Le Pen n'ait pas pu s'exprimer sur le fond devant ses pairs. Une telle procédure est digne du "Soviet suprême de l'Union soviétique", a-t-il fustigé.

Le président de séance, Gianni Pittella, lui a répondu que Mme Le Pen ne s'était vu appliquer "aucune procédure spéciale", et que les débats au fond avaient eu lieu, comme c'est la règle, devant la commission des affaires juridiques du Parlement.

Selon une source parlementaire, Mme Le Pen a été invitée à trois reprises devant cette commission, en mars, avril et mai, pour défendre son cas, mais elle n'a jamais souhaité répondre à cette invitation.

Parallèle avec l'Occupation

La présidente du Front national est visée par une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) relative à ses propos du 10 décembre 2010. Mme Le Pen avait alors établi un parallèle entre les prières des musulmans dans la rue en France et l'Occupation.

La juge d'instruction lyonnaise chargée du dossier, constatant que Mme Le Pen refusait de répondre aux convocations en vue de sa mise en examen en invoquant le bénéfice de son immunité parlementaire, avait alors demandé au Parlement la levée de cette protection.

Pour le chef de file des élus conservateurs au Parlement, le Français Joseph Daul (UMP), cette procédure devait être considérée comme purement "technique". "Il n'y a rien de politique. Si je réagissais sur le plan politique, je ne voterais pas la levée de l'immunité, car ça va lui donner 1 à 2% de plus" dans les intentions de vote, a-t-il souligné avant le vote.

Nouvelle tribune

Pour l'élu vert français Jean-Paul Besset, cette procédure constituait de toute façon un "piège" pour le Parlement européen, car elle offre "un boulevard de victimisation" à Mme Le Pen.

Son collègue José Bové a quant à lui remarqué que Mme Le Pen aurait pu renoncer elle-même, devant la justice, au bénéfice de son immunité d'eurodéputée, comme lui-même l'a fait en 2009 lorsqu'il était poursuivi devant les tribunaux français pour des actions de destruction d'OGM.

Pour le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, cette procédure "pourrait profiter à Marine Le Pen en lui fournissant une nouvelle tribune", d'autant que selon lui, les critiques adressées à l'islam heurtent moins l'opinion publique que les polémiques sur "la nature du régime nazi et ses conséquences".

Avant Mme Le Pen, Bruno Gollnisch a été privé à deux reprises de son immunité parlementaire. En 1998, Jean-Marie Le Pen a également été visé par la même procédure après avoir déclaré que les chambres à gaz nazies étaient "un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale".

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